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Les pesticides changent de climat ou de planète?

December 10th, 2009

maisnet
Mes chers amis, une chose incroyable est arrivée en marge de la Conférence sur le Climat de Copenhague, un véritable changement de climat mental, un réchauffement pour les coeurs, une vraie bonne nouvelle : le trés respecté Centre de recherche de Routhamsted communique sur des protocoles de culture du maïs sans pesticide et sans engrais.

Oui vous avez bien lu, cela provient d’un des centres de recherche des nouvelles technologies agricoles européens les plus à la pointe, digne héritier de l’effort de guerre britannique qui produisit l’agent orange, les OGM etc., qui par la voix du Pr. John Pickett, son chef du département des insecticides et fongicides récemment rebaptisé “laboratoire de chimie biologique”, du centre également rebaptisé “centre de gestion durable des pestes et maladies”, ceux là mêmes qui ont inventé récemment le Pyrètre synthétique et bien d’autres produits que l’on retrouve dans notre assiette, que l’on fixe petit à petit dans notre organisme, à corps défendant avec les légumes que nous mangeons; et sans le prévoir, les bords de mer reçoivent les eaux des sols agricoles, se couvrent d’algues toxiques, tuent les animaux qui s’y frottent; on aimerait bien transformer ces algues en quelque chose, mais ce n’est pas encore une priorité, malgré les centaines de millions d’euro qui y sont consacrés (+600 million en France seulement).

Bien sûr, le trés sympathique professeur Pickett ne renie rien de ses vieux amours de chimie inorganique et de ses poudres de perlimpin qui font la joie du commerce et de l’endettement des paysans. Mais voila son discours est désormais clair et radical : il prêche la bonne nouvelle; “Pays en voie de développement, vous n’avez plus besoin de pesticides, ni engrais pour faire pousser votre maïs : vous avez désormais la technique du “Push&Pull”, la “trappe et le repoussoir”, pour vous permettre d’augmenter vos rendements de 50 à 600%”.

De quoi s’agit-il? Tout simplement d’utiliser les moyens que la nature nous a mis à disposition pour augmenter ses rendements au plus faible coût.

En plus d’un sol généreux et de l’eau, le maïs a besoin de deux choses pour pousser : de l’engrais sous forme d’azote et d’éviter les attaques des petits vers de la pyrale, des petites mites qui l’ont élu meilleure pouponnière du siècle. Notre brillant laboratoire a repris mine de rien, les études de l’illustre botaniste Josia Braun-Blanquet, publiées en 1922 dans son livre “la Sociologie des Plantes”; un livre aujourd’hui épuisé, que j’ai réussi à acheter par internet car l’Université agronome de Bradford se débarassait de ses vieux bouquins, jugés inutiles pour l’enseignement d’un agriculteur moderne.

Pourtant “la Sociologie des Plantes” de Braun-Blanquet et les “Cours d’Agriculture” de Rudolf Steiner, inventeur de la biodynamie, devraient être les deux ouvrages de référence sur la table de nuit de tout agriculteur.

De quoi s’agit-il? Planter le maïs avec deux autres plantes : l’une va le protéger des prédateurs, l’autre va lui donner de l’engrais et attirer les insectes auxiliaires, qui vont le débarrasser des nuisibles.

La première est une graminée la Pennisetum purpureum, plus connue sous le nom d’herbe à éléphant, car elle pousse jusqu’à 3m de haut et fait le délice de tous les Dumbo du Kenya. C’est aussi le pécher mignon de la pyrale une petite mite qui détruit le maïs, qui la préfère de beaucoup. Mais voila, dés que la petite mite a pondu dessus, notre herbe à éléphant qui connait la musique, sait parfaitement se défendre : elle produit une résine qui digère les oeufs de pyrale. La nature est bien faite n’est ce pas? En plus les racines de notre pennisetum n’occupent pas du tout le même terrain que celles du maïs : elles plongent bien plus profond, empêchant toute érosion du sol et favorisant une bien meilleure pénétration de l’eau tout en retenant l’humidité pour le maïs qui en a bien besoin en plein été. Notre herbe empêche l’évaporation. Pas mal.

La seconde plante que l’on sème est une légumineuse, le Desmodium Ssp, une sorte de haricot. C’est bien connu, les légumineuses sont championnes toutes catégories pour fixer l’azote de l’air dans le sol, grâce à leur nodosités racinaires et aux mycéliums de champignons avec lesquels elles sont associés. Donc plus besoin d’engrais pour le maïs. Cet azote là, contrairement au synthétique minéralisé, est complètement assimilable par le maïs. En plus les desmodiums font des jolies fleurs roses en forme de gueule de loup, qui attirent toutes les mini guèpes coquettes bien plus que le dernier parfum à la mode. Ces guèpes ont pour plat favorit justement les petites mites qui aiment tant notre herbe à éléphant. L es desmodium peuvent fixer entre 200 et 250 kg d’azote par hectare. Si d’aventure, il y en a trop pour notre maïs, en agriculture les excès sont pires que les carences, et bien notre desmodium provoquera la pousse d’astéracées, les petites herbes médicinales à fleurs qui elles aussi font le bonheur de nos guèpes et pollénisateurs.

Alors pendant qu’on y est, profitons en et plantons autour de notre champs des astéracées comme le tournesol ou bien le fameux Yacon Smallanthus sonchifolia, de la même famille et des radis comme le Raphanus sativus niger, le radis noir, ou la maca, lepidium meyenii, qui apporteront leur dose de soufre et éloigneront les prédateurs de nos astéracées…

Résultat? Au lieu d’une seule récolte de maïs, nous avons encore plus de maïs et un bon fourrage pour les vaches et une récolte de tournesol et une récolte de yacon qui nous servira de sucre même aux diabétiques et des radis noirs et de la maca plein de vitamines. Pas mal?

En plus on aura un beau champ tout vert, plein de fleurs et de vie. Car pour avoir une vrai bonne récolte, on n’aura pas labouré, les semis du maïs et de desmodium se font directement, semis direct sans labour et le reste à la volée. Pas trop fatigant tout cela. En plus le Pennisetum et le desmodium sont des plantes pérennes; une fois qu’ont les a planté c’est bon pour les années suivantes et le champs sera toujours vert et toujours fertilisé et humide.

A côté de ce protocole de culture du maïs, en Argentine nous en avons lancé un autre, histoire de décomplexer le paysan qui s’occupe du potager. Nous l’avons appelé le protocole de l’Inca, car il est inspiré des anciennes techniques décrites par les fouilles archéologiques non loin de Puno au Pérou, autour du lac Titicaca qui est encore utilisé par les indiens Hopi au Sud des USA :

Dans la même parcelle, on a planté toutes les variétés possible de maïs des Andes imaginables, toutes les couleurs de graines. Notre paysans a absolument voulu travailler la terre, bien qu’on lui ai dit que ce n’était pas la peine. Qu’est ce que vous voulez, s’il ne travaille pas, il est convaincu qu’il ne récoltera rien. Tout travail mérite salaire, même si cela ne sert à rien.

Au pied de chaque maïs, on lui a dit de planter une fève, un haricot et un petit pois et au milieu des rangés, des graines de potirons et autres cucurbitacées. Au Nord, face au soleil austral, du yacon, au sud du tournesol et tout autour bordant l’herbe des radis et du maca. Sa petite parcelle c’est ainsi transformée en un véritable village de plantes où toutes jouent un rôle pour la communauté et s’entendent en parfaite harmonie, enrichissant la terre et préservant l’eau. Tout pousse à merveille et nous attendons 7 récoltes au lieu de notre seule récolte de maïs.

Cela laisse présager de superbe bombances gastronomiques et donne de l’espoir quant au futur de la sécurité alimentaire de la planète.

Voila ce que j’appelle une belle démonstration du design agricole.

Voila un exemple que l’on doit suivre si l’on ne veut pas subir les grincheux alarmistes qui veulent vous vendre leurs chimie fort douteuse. Merci Professeur Prickett.

Décembre 1984, Il y a tout juste 25 ans, souvenez vous : Bhopal, des centaines de milliers de morts que l’on ne finit plus de compter. A Bhopal, Dominique Lapierre qui se bat depuis 25ans pour aider les survivants à se soigner et vivre ; il a créé une fondation en leur léguant tous ses droits d’auteur ; les Lapierre se démènent à travers la planète entière pour que cela n’arrive plus jamais.

Si on avait expliqué aux paysans indiens qu’ils pouvaient se passer de pesticide pour faire la Révolution Verte, on n’en serait pas là. On ne construit pas une usine pas rentable.

Souvenez vous du Zyclon B des camps Nazis, de ses 5 millions de morts ; plus récemment des projectiles organophosphorés reçues par les Kurdes gazés de Halabja en 1988, Falloujah en 2004, le Liban en 2006 et j’en passe et des meilleures… voici quelques produits dérivés de la recherche sur les pesticides. Pensez y ; ayez en tête le type d’industrie que vous soutenez au moment d’acheter vos produits phytosanitaires. Herbicides et pesticides servent à tuer.

Il ne sert à rien de tuer aveuglément la nature. Renseignez vous sur la vie et comment cela marche d’abord. Vous y gagnerez au centuple en appliquant des protocoles de culture tels que nous avons décrits aujourd’hui.

Jour de fête chez les gauchos

November 26th, 2009

gauch03Nous sommes au dessus de Salta, le Nord Ouest Argentin, à l’endroit même où s’est décidée l’indépendance de l’Amérique latine, l’Estancia d’où est parti le général Arenales pour libérer les Andes de ses congénères espagnols.

“ L’Ange de la victoire guide mon étendard : suivez sa course vers l’indépendance et la gloire… suivez Arenales : celui qui vole de triomphe en triomphe pour que mon armée scelle sur tous ces champs de bataille, la complète émancipation du sol INCA.”

plaque

1812. Le Général San Martin, fondateur de l’Argentine, en grand publicitaire, s’adresse aux Indiens Calchaquis Diaguitas pour leur présenter son bras armé, celui qui reprend l’étendard de l’illustre Güemes qui se meurt sur le champ de bataille. Salta est vaincue.

Pour chasser l’espagnol métropolitain, San Martin crée l’Inca blanc : le général Juan Antonio Álvarez de Arenales ;
Il servira juste le temps qu’il faut et tout comme l’Inca, le monde l’oubliera bien vite.gauch2

Ce dont le grand San Martin ne s’est pas rendu compte, c’est que sans le vouloir, ses paroles ont créé un mythe bien plus important dans l’âme argentine : en sortant l’Inca blanc de son chapeau, il vient de lancer le mythe du gaucho qui va désormais hanter le poète et la littérature de l’Amérique du Sud comme le corbeau d’Edgar Alan Poe.

gauch01Le Gaucho avant tout, c’est l’indien qui va répondre à l’appel de San Martin. Gaucho vient de Huachu, en Quechua, la langue des Andes, c’est l’orphelin. Celui qui n’a plus de devoir envers sa famille, ou plus de famille du tout et peut se sacrifier à « la complète émancipation du sol INCA ».

Ce jour là, une armée s’est levée des montagnes, mue par l’espoir d’une société où tous seraient reconnus sur un pied d’équivalence. Voilà comment fut « vendue » aux indiens l’Indépendance de l’Argentine. Voilà ce que doivent aux gauchos, ceux qui sont devenus caciques à la place des caciques Espagnols.

gauch02Le gauchos, lui, restera toujours orphelin de la liberté. Ni mercenaire, ni soldat, l’homme se réveille sur la brèche de l’apocalypse, prêt à tous les exploits pour donner son âme à la juste cause. Puis, gentiment, il rentre dans le rang pour s’occuper des siens et de son troupeau.gauch4

gauch detail1

Mais s’il n’a plus personne à protéger; il fuira son cœur, ses montagnes ingrates et errera dans la pampa immense, à la mesure de sa mélancolie, de ses espoirs évanouis, de son blues ; dans la nature, sa maudite sœur de toujours.
Son compagnon? Le Nahual, le double animal des indiens d’Amérique, celui qui fait sortir Pablo de lui même, seul avec son couteau pour terrasser un puma de 2,5m en train de manger ses poules. Sans crier gare, notre gaucho s’est transformé en  jaguar.

Aujourd’hui, c’est un grand jour : c’est la fête, la Santa Rosa de Lima, patronne de l’armée de libération et patronne de l’Estancia de l’Inca Blanc ; tous, ils surgissent des montagnes, en tenues d’apparat briqués à neuf sur leurs plus beaux chevaux péruviens, à la robe jais éclatante, au pas fier et cadencé, porter haut les couleurs de la liberté.

helicoAujourd’hui le Gaucho reprend son âme : 200 ans plus tard, pour la première fois depuis l’Inca Blanc,gouver le gouverneur de la Province de Salta descend de son hélicoptère pour leur rendre hommage.

Prier avec eux.

panomesse

Pour lui, ils ont tué 2 bœufs, fait chauffer l’énorme four communal une semaine entière et préparé l’asado et le guisado.

viande tripesviande cotevainde assietteviande cousueviande 5viande4

VIANDE3piedsIci, savoir trancher dans le vif, c’est savoir vivre. Manger, c’est tuer.

Aucun détour, aucune pudeur devant la mort.

Le guisado : toutes les parties tendres de l’animal sont marinées dans l’huile, le vinaigre, les herbes, l’ail et le piment ; enfin, recousues dans la peau de l’animal pour être rôties dans un four grand comme une maison, pendant 12 heures.

L’asado : les côtes et les abats sont préparés, les tripes tressées, les pieds paquets, les cœurs embrochés, les hauts de côtes et le Bife de Chorizo, le cœur d’entrecôte, tout pour le BBQ sur des braises agonisantes, à la limite de l’extinction pour une cuisson plus lente et pénétrante possible.

ASADO

Chaque morceau de cette viande, chaque bouchée de ce festin de 1000 convives, c’est de l’histoire qu’on croque, du rituel qu’on mâche, de la magie qu’on niaque. Le bœuf a été sacrifié et partagé comme l’ont fait les ancêtres. Les cubis de vins sont tirés à l’eau ardente et au Ferney Branca.

panoasado1

DéCOUPEC’est le plus beau jour de l’année. Le discret gaucho parle, sourit, se dévoile ; la femme, elle, reste à distance et impose le respect. chinita1Elles sont loin d’être des cantinières de régiment. Peu de femmes sont gaucho, et la plupart du temps c’est elles qui mènent la troupe ; elles portent la jupe en vraies amazones : on les appelle les chinitas, les p’tites chinoises, car les longues journées de soleil dans la poussière du bétail leur ont bridé à jamais leurs yeux d’indiennes burinées.chinita2

Aguardiente, Ferney, vin, nous sommes là pour saluer les ancêtres. Maîtres du Monde, les lassos volent, les taureaux sont arrêtés sur place, ou presque, enfin… c’est bien moins précis qu’un jour de travail ordinaire au corral. Le cheval a tout comprit ; il prend désormais les rennes ; l’homme est tout absorbé à l’euphorie de son mythe et le taureau exulte. Le mythe du rodéo des cowboys texans ? Rien à voir.

FETE12FETE16FETE19FETE8

FETE4FETE5FETE10FETE20FETE22FETE24FETE27FETE31FETE36FETE45FETE48FETE49Le gaucho, pour l’écrivain argentin, c’est le Faust, la Divine Comédie, le Don Quichotte du cru : Martin Fierro. Il fallait le trouver ce nom! Fier comme San Martin ! Mais pour faire accepter son héros Jose Hernandez l’illustre auteur, admiré par tous ceux qui comptent dans la littérature du XIX° siècle… en a fait un homme blanc qui va défendre le faible contre le méchant noir. Je caricature un peu, c’est plus vendeur. John Wayne en Sioux ça passe mal. Car ici le noir, c’est l’indien. Dans l’imaginaire argentin le plus souvent, un noir des Antilles c’est mieux qu’un indien. Ici la dignité a son échelle que l’indien n’a pas eu le droit de gravir pendant longtemps. Heureusement les choses changent, Dieu merci.

Martin Fierro, c’est ainsi que le jeune Jorge Luis Borges, l’icône absolue du blues argentin, a nommé son premier groupe… de poésie engagée. Le gaucho pour lui c’est la ressource ultime de l’âme de l’Amérique du Sud. Pour Borges et ses compères c’est avec lui que doit s’incarner l’esprit du jeune continent, rechercher en lui toutes ses ressources pour s‘émanciper de la lointaine Europe si pesante au jour le jour. Il faut créer quelque chose de nouveau.gauch1

Mais Borges est resté enfant d’Ulysse et le gaucho enfant de l’Inca. Ils se sont ignorés. C’est le drame du continent. Pourtant, sur toutes les routes d’Argentine, au moindre détour d’un désert, il y a des autels au Gauchito Gil sous un grand caroubier, le robin des cactus. On n’en parle pas. C’est un truc de pauvres. Tous les humbles lui apportent une libation pour demander un miracle. Le saint gaucho ne sera jamais reconnu.

Toujours un caroubier. L’arbre qui fertilise le sol. Le Gaucho est encore une fois plein de ressource. Il montre la voie; écoutons l’indien qui est en nous.

En l’ignorant, il y a tellement de choses à côté desquelles nous passons. Nous sommes trop souvent habitués à appliquer les mêmes recettes partout; si elles sont gagnantes ici, elles ne le sont pas forcément là. Stop. Un peu d’imagination. L’Argentine en 10 ans vient d’inonder son territoire de soja transgénique, sans penser une minute à chercher à comprendre ce qu’elle détruisait. Cette année le gaucho au chomage fait des piquets de grève sur les routes. Rien ne va plus. Halte. Ouvrons nos sens. A la veille du bicentenaire de la création de l’Argentine, changeons, écoutons l’indien, nous avons tout à y gagner.

gauchitoalta

De la biodiversité plein les dents

November 9th, 2009

Comment protéger la nature avec un dentifrice?
foret de verveine
1200 plantes différentes. c’est ce que nous avons relevé sur les 40 000 hectares où nous travaillons dans le Nord Ouest argentin. En 3 semaines. En réalité nous en avons trouvé un peu plus de 400; le botaniste sait qu’il ne voit pas tout. Lorsqu’il voit une plante dans un bout de nature qu’il arpente pour la première fois, il sait que pour chaque plante trouvée, il en loupe deux. En quelque sorte, un botaniste c’est un peu un modeste vantard.

1200 plantes c’est 1/5 des plantes européennes. 6000 plantes constituent la biodiversité de toute la France, l’Angleterre, la Belgique et l’Allemagne réunies. Sur ces 6000 plantes, peut être 2000 sont comestibles, 1000 sont excellentes. Dans un supermarché? vous en trouverez 27 à tout casser. Nature abondante et société de pénurie, culture de pauvreté?

Les cinq dernières années de sa vie, je retrouvait dés que possible, à la sortie de son bureau, Théodore Monod, le grand naturaliste disparu depuis. Nous allions taquiner l’absurde: toutes sortes de méduses, de crevettes et de crabes sur les quai de l’ile Saint Louis, quais de Seine, à Paris pour parler plante et liberté.

La biodiversité c’est une belle chose, alors on la protège. Un vrai bijou de famille que l’on met à la banque dans les tréfonds d’une ile au large d’Oslo : la Banque Globale des Semences du Svaalbard. “l’Arche de Noé de notre héritage biologique planétaire” annonce Jens Stoltenberg, le premier ministre norvégien. Quand on sait que les inventeurs des herbicides participent à ces expériences, où va donc se cacher la vie, la liberté?

Arche de Noé. Après nous le déluge. Pourtant vivre c’est évoluer. Si l’on retire ces graines de la vie à quoi bon. La meilleure façon de préserver la biodiversité n’est ce pas plutôt la reconnaitre, l’utiliser, la comprendre, la vivre?

1200 plantes dans un domaine qui élève 7000 têtes de bétail, ce n’est pas non plus la meilleure idée pour protéger la nature. Pourquoi les protéger d’ailleurs? Avant notre arrivée tout le monde ici ignorait ces plantes; elles gènent, le bétail ne les mange pas, elles poussent au milieu des cultures, elles envahissent les pâturages; “yuyus”, mauvaises herbes. Les plantes, le paysan, connait pas. La biodiversité fait peur, on la combat, on l’éradique pour avoir de beaux champs bien homogènes. La biodiversité? Qu’est ce que c’est? le plus grand choix de téléphones portables?

Seulement quand vous êtes à 3 heures de piste du premier supermarché, de la première pharmacie, comment vous faites? Il suffit d’une rivière en crue pour rester coincé. Eh bien on fait quand même tout venir de la ville, sauf la viande bien sûr. Si vous êtes malade, on attend que cela se passe.

Ici, c’était la terre des Indiens Calchaquis Diaguitas. En Argentine, c’est bien connu, il n’y a plus d’indien. Ceux qu’ont épargnés les blancs ont été rattrappés par la grippe. En 1621 le Duc de Palota se plaignait déjà auprès du roi d’Espagne du manque de main d’oeuvre, décimée par les épidémies amenées par les blancs.

Les indiens d’aujourd’hui ne se reconnaissent plus dans leurs ancêtres. C’est pas chic d’être indien. C’est comme si tous venaient d’Espagne. Le blanc, la grippe, l’autre grande plaie que désignent toutes les fouilles archéologiques, c’est la carie, le mal de dent. Pas un crane précolombien n’a de dents saines. Quand les nouveaux propriétaires sont arrivés, il y a cinq ans, presque plus personne n’avait de dents. La priorité a été de faire venir un dentiste.

La grippe, les caries? Ici, on a toutes les plantes sous la main pour soigner. Mais personne ne les utilise plus. Un truc de vieille bonne femme, d’indien, pas de blouse blanche pour vous regarder dans la bouche, pas sérieux tout cela.

Heureusement les budgets de la recherche pharmaco ont chuté, la curiosité des gens s’est éveillée, Claude Levy Stauss est passé par là pour nous dire que les indigènes pouvaient avoir des culures aussi intéressantes que les notres… un sans culotte de l’esprit colonial.

Les Américains ont fait le blocus de Cuba. A la Havane, des médecins géniaux se sont retrouvés sans médicaments. Seul salut, la débrouille. Ils se sont retournés vers les savoirs alternatifs, les savoir anciens avec leur esprit scientifique. Comprendre les plantes et écouter les vieux herbalistes… un peu d’ethnobotanie, c’est passionnant : la rencontre de la botanique, de la médecine et de ses essais cliniques, de l’ethnologie des usages locaux des plantes. L’homme dans la nature. Tout un monde. Les plus brillants esprits d’Amérique du Sud ont emboité le pas dans les années 80 et aujourd’hui une grande révolution est en marche.

Les dents?
Il y a du maca pour les minéraux et les vitamines, et plein d’autres plantes pour renforcer les défenses immunitaires. L’amarante aussi, bourrée de calcium, de magnesium, de phosphore et en plus les éléments qui permettent de les fixer dans les os et les dents.

Les caries? Aloysia triphylla

Des gensives sensibles? le Bulnesia sarmentoi

La grippe? il y a le Berberis buxifolia (véricide des virus de la grippe A et B) et l’Eupatoire.

Un rhume? le Quebracho blanc, l’Acanthospermum hispidum, le Lomatia hirsuta, le Turnera afrodisiaca…, une toux? le Conyza bonariensis, le Geoffroea decorticans…

Attention, il faut savoir comment les utiliser. Au delà de la connaissance des familles de plante, il faut étudier la toxicité de chacune d’elles. Il ne faut pas prendre les plantes à la légère, si elles peuvent soigner, elles peuvent aussi tuer. Sans tomber dans une psychose à deux sous, mieux vaut s’adresser à un spécialiste.

Le but est ici d’avoir de quoi subvenir aux premiers soins. Etre plus indépendant de la ville. Faire comprendre la biodiversité, pour l’utiliser. Pour cela il faut nommer les plantes. C’est la première étape pour les protéger. Après? Donner les protocoles pour réaliser des teinture mères de celles qui sont les plus recherchées. La teinture mère permet de sortir les principes actifs choisis des plantes et de les conserver au mieux pour soigner.

Teintures mères, phytothérapie, l’Argentine pionnière mondiale du soja transgénique n’est pas le marché le plus porteur pour lancer une production rentable. Il faut penser à autre chose. Puis, en discutant avec l’adorable responsable édenté qui s’occupe du potager, sur les manières traditionnelles de macher la feuille de coca, il m’indique une plante qui remplaçait le bicarbonate de calcium pour faire précipiter l’alcaloïde. Voila, ça y est. Le bica c’est la base du dentifrice. S’il y a une source de bicarbonate mieux acceptée par l’homme, pourquoi ne pas l’utiliser pour faire du dentifrice? Le dentifrice c’est un produit utilisé tous les jours par tous, c’est peut être la solution à notre question.

Coups de téléphone, rendez-vous avec la marque la plus respectée de dentifrice d’Argentine. En parallèle, direction l’Université la plus proche, l’Université dentaire de Tucuman et la Fondation de recherche en botanique d’Argentine.
Les Argentins recherchent un dentifrice alternatif au fluor, que de nombreuses études scientifiques commencent à critiquer: excès de fluor, conséquences sur l’organisme humain et pollution de l’environnement.

Le deal est fait. Cinq formulations sont établies. L’Université et la Fondation l’étudient pour approuver et retoquer les concentrations, les contre-indications éventuelles. Nous sommes en passe de sortir le premier dentifrice bio issu du commerce équitable. Mais surtout le premier produit issu de l’ethnobotanique qui soit élaboré en collaboration avec les détenteurs de cette culture ancestrale validée et mise en oeuvre par la science moderne.

Tous à vos brosses à dents, grâce à vous 20 000 hectares vont rester sauvages, des hommes vont retrouver leur histoire et leur vérité spirituelle. La feuille de coca est le langage des Andes; c’est la base de tous les échanges entre les hommes et de tous les échanges des hommes avec les Dieux. C’est le ciment de ces civilisations depuis plus de 3000 ans.

Un peu plus de design agricole: la grange solaire version “débrouille”

November 6th, 2009

A quoi rêve une vache…

VACHENOIRE

A cela

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encore celapastobon2

et encore cela

pastomodiola

de l’herbe quoi …VACHENOIREPENSE

Mais ici au Nord Ouest Argentin,  l’herbe l’été, ne peut pas sécher, il pleut trop, elle pourrit. Nous avions fait le design d’une grange solaire pour sécher le foin. Mais qui voudrait dépenser de l’argent pour de l’herbe. Quelle idée? C’est pas sérieux l’herbe.
Alors nous avons revu notre copie… la grange est moins glamour, moins techno, mais grace à cette remise en question nous avons abouti à un consept complètement solaire qui fonctionne absolument sans machine :

barnpoor

Le foin est déposé sur un tapis roulant en filets agricoles de récupération, actionné par une pédale actionnant un système de rouages qui le fait avancer de 2m en 2m; juste de quoi laisser quelqu’un épandre le foin bien régulièrement.

La grange fait une trentaine de mètres de long et une dizaine de large. Une fois le foin bien réparti, la grange est fermée hermétiquement, le plus possible. Le soleil chauffe le toit. L’air s’en va par les cheminées du toit en créant une dépression, l’air à la température extérieure rentre par le bas et traverse le foin. Le foin est relativement près du toit comme cela il bénéficie du chaud du toit, mais sans cuire. C’est le système du push&pull, de vases communiquants boostés par la thermodynamique et la viscosité de l’air humide avec une petite aide du maelstrom. Merci maestro.

barnpoorinside

Le truc? L’air en arrivant et en partant est accéléré par un système de vortex qui booste la circulation d’air et le renouvelle à toute allure de manière à sécher au plus vite. L’intérieur est astucieusement mis en place pour renforcer ces volutes invisibles et des systèmes de récupération de condensation sont placés là où il faut. Le tour est joué. La grange est désormais entièrement solaire.

VACHETERREIl fallait insister et ne pas abandonner le projet sur l’autel du progrés OGM, car voila ce qui attend les vaches en hivers si rien n’est fait pour elles… Ces petits veaux tout juste nés et ces vaches pleines n’ont plus qu’à manger de la terre; comme les hommes à Haïti vous me direz…

Non, ici les vaches ont plus de chance que les hommes… les ingénieurs s’occupent d’elles. Un peu partout dans le monde on apprend aux jeunes étudiants en agronomie qu’il faut donner du maïs aux vaches. Vous pensez on ne va pas leur donner de l’herbe quand même, cela ne nourrit pas comme le maïs; OGM, c’est tellement plus simple à faire pousser. Il suffit d’acheter les graines chaque année, les herbicides, les engrais, les pesticides qui vont avec et les machines pour tout épandre et bien compacter la terre. Tout le kit; on vous fera facilement un emprunt pour cela, il faut soutenir l’économie, ça marche bien.

Il faut rappeler que le maïs seul, ne fabrique pas de viande, mais de la graisse. C’est bien, mais il ne faut pas que l’animal bouge, sinon il la perd… c’est peut être pour cela que l’on a créé les feed lot, sorte de camps de concentration où l’animal est gavé sans pouvoir bouger… 80% de la viande argentine provient de cela… la viande brésilienne, la viande française…

La combinaison gagnante c’est le tourteau de soja OGM. On récupère l’huile pour les voitures et on donne le résidu, le tourteau au bétail… C’est ce que mange 70% des vaches en France. La France est  le meilleur client de tourteau de soja OGM du Brésil; plus d’un quart des exportations brésiliennes. Les cultures OGM sont interdites en France, mais les vaches nourries au soja OGM, dans leur étables, sans pouvoir bouger, sont-elles OGM? Eh bien non, logique…

“Colonizar a Amazonia pela pata do boi” “l’Amazonie par la pate du boeuf” … le grand slogan des politiciens brésiliens des années 70 s’applique enfin à fond… pour nourrir chaque français il faut 458 m2 de forêt amazonienne plantée de soja OGM, selon Greenpeace. Ce n’est pas finit, la consommation de viande augmente chaque année : cette année de crise, elle a fait environ 28%. Depuis les années 70 la production de soja est passée de 0 à 21 millions d’hectares au Brésil. On n’arrête pas le progrès.

Revenons à nos vaches; ici, dans le nord argentins, le maïs une fois poussé, est laissé sur pied pour être consommé en hivers ou bien transformé en silos… Les silos ce sont ces gros tas noirs dans les champs, couverts d’une bache noire et de pneus, un joli paysage bucolique. Le maïs est broyé et laissé fermenté jusqu’à l’hivers. Ce principe marche parfaitement bien en laboratoire, mais dans la nature ce n’est pas toujours évident à gérer, car il est assez difficile de faire le tri entre les bactéries qui vont fournir des acides lactiques et les levures qui vont en faire de l’alcool…, c’est petit ces bestioles là, vous savez.

VEAUX SILOS

Bref les petits veaux que vous voyez devant vous sont complètement bourrés… pafs… pas un seul ne marche droit, vous me direz “ils ne conduisent pas, ce n’est pas grave…” en fait l’alcool s’attaque directement à leur foie; et le foie c’est lui qui gère et construit les défenses immunitaires. Ces veaux sont mal partis dans la vie. Ils vont passer leur temps chez le vétérinaire. Pour éviter de dépenser de l’argent tout de suite, ils vont en coûter beaucoup plus plus tard. C’est sans compter avec les fermentations butyriques qui sont causées par la terre et les bactéries qui s’y mêlent… un petit veau n’y résistera pas 3 mois.

En Argentine le problème est là : le prix de la viande est bloqué par l’état… 20cent d’euro le kilo. Cela ne rapporte plus de faire de la viande, tout le monde abandonne… Les seuls qui s’en sortent, ce sont ceux qui les nourrissent à l’herbe, m’avoue un ingénieur agronome… pourtant tout le monde pousse encore à planter du mais et du soja… Les Argentins viennent d’annoncer qu’ils ont un déficit cette année 2009 de 3millions de veaux… Non, vous ne rêvez pas, nous parlons bien de l’Argentine d’aujourd’hui, l’Argentine qui produisait les records de viande du monde est aujourd’hui celle des ingénieurs agronomes. Comme disait Coluche, “vous les laissez dans le désert : au bout de 3 semaines ils vous réclament du sable”.

Ici, d’aprés les calculs que nous avons faits sur le terrain, le maïs transgénique a donné cette année 12t/ha en mouillé et 8t/ha en sec… peut être ce sont les graines, le terrain… je ne sais pas pourquoi le rendement est si faible… cependant avec le pâturage on est entre 20 et 60 t/ha… et en plus, une fois que c’est planté cela repousse chaque année… plus besoin de racheter des graines, il n’y a plus qu’à récolter… Vous choisissez quoi vous? Et bien ici on reste au au maïs.

Communiqué : proposition de dépollution de la plaine de la Crau

October 29th, 2009

Le 7 Aout dernier un pipeline se fissure dans le parc naturel des Coussous de la Crau entre Arles et Fos sur Mer : 4000 t de pétrole se déversent sur 5hectares.

Nous lançons aux autorités compétentes une proposition d’accompagnement des mesures de dépollution réalisées dans la réserve naturelle de la Crau, afin de garantir une dépollution complète et durable pour faire repartir la flore classée Natura 2000.

Qui sommes nous ?

SOS SOil, c’est un bureau de design agricole français : nous intervenons en conseil pour la gestion d’espaces agricoles importants et de leur biodiversité en Argentine, en France, Espagne et Belgique. Ces missions nous ont confronté à des pollutions chimiques, notamment d’hydrocarbures graves, pour lesquelles nous avons développé, en collaboration avec des partenaires commes le laboratoire américain Fungi Perfecti, des protocoles de dépollutions efficaces, durables et économiques.

Ce que nous proposons :

Compléter les efforts de dépollution du chantier de dépollution en cours, en mettant en place des protocoles de digestion du pétrole par des organismes vivants naturels, non polluants : les mycéliums.
L’expérience nous a montré que les mycéliums qui digèrent la lignine et la cellulose du bois étaient à même de digérer les hydrocarbures qui sont constitués par des liens chimiques identiques. Ils transforment les hydrocarbures en polysaccharides (sucres), protéines, enzymes, alcools et CO2 ; c’est à dire en engrais pour les plantes.
Un suivi de cette dépollution « naturelle » pourra être assuré avec le laboratoire de Biotechnologie industrielle du CNRS, de manière à former à cette méthode pionnière en France, un thésard ainsi que de constituer une formation spécialisée pour que les personnes du sites de la Crau soient à même de répondre aux pollutions futures, pouvant procéder de la dizaine de pipelines qui traversent la Crau.

Avantage de la méthode :

Une fois les souches de mycélium bien implantées sur site, elles se développent rapidement et vont chercher la pollution là où elle se trouve :
Si le pétrole est à 10m de profondeur, ou bien se dilue dans la nappe phréatique, le mycélium se développera en conséquence pour aller s’en nourrir. Il se développe en fonction de l’échelle de la pollution et disparaît lorsqu’il n’y a plus rien à manger.
Une fois mise en place, la souche se développe d’elle même : elle évite toute intervention répétée de machinisme lourd sur le lieu.
Une fois la pollution digérée, le mycélium fructifie en champignon et relance la chaine alimentaire naturelle du lieu.

Degrés de pollution en plaine de Crau :

4 000 m3 d’hydrocarbure brut se sont déversés sur 5ha de la réserve naturelle de la Crau. 40cm de terre superficielle ont été retirés par 2000 rotations de camions dans la réserve. Des signes de pollution persistent : une évaluation est en cours pour déterminer son ampleur. Désormais, les estimations portent sur 15hectares pollués, sur 2m environ. (3xplus en superficie et en pofondeur).
La roche est désormais du Pudding calcaire dur et poreux sur 1,5m environ (qu’il faudra attaquer au marteau piqueur notre solution n’est pas choisie). Sous le Pudding la nappe phréatique (230 000 uilisateurs) affleure à 10m et risque d’être polluée.
La pollution rémanente continue à se diffuser sur une surface alentour en cours d’estimation par les experts.

Stratégie :

Adapter les mycéliums au lieu, à partir de spores de champignons et de mycéliums avides d’hydrocarbures développés en laboratoire.
Créer des souches solides à partir de substrats naturels locaux (foin de la Crau, etc.)c’est la meilleure façon de reclancer la biodiversité spécifique à la Crau.
Mise en place et suivit du développement du mycélium : arrosage dans l’éventualité de sécheresse, protection et renforcement des substrats en cas de tempête.
Suivit de la dépollution et remise de comptes rendus réguliers et des conclusions du laboratoire sur la dépollution, aux autorités compétentes.

Le seul problème c’est que cette solution coute 10 à 100 fois moins chère que les solutions traditionnelles. Qui peut bien gagner de l’argent avec cela? Dessous de table, enveloppes… qui peut bien les donner avec si peu d’argent, des budgets si faibles?

Des olives au delà de tous Soupions …

October 24th, 2009

soupions finis
Les soupions, prononcés à la Provençale, c’est déjà une invitation à la bombance, un appel discret aux plaisirs… le fenouil, l’ail, le coriandre, le basilic, un peu de jambon cru… mais surtout l’olive. Ah l’olive, ventre à terre, tellement pressée d’accourir qu’elle en est toute cabossée…

Oui, il y a un moment dans l’année, où l’olivier donne le meilleur de lui même, le plus frais, le plus vif;grossanes lorsque son fruit est au plus ferme et dégage les arômes les plus verts. C’est maintenant. Septembre, Octobre, Novembre, c’est le moment de vagabonder dans les Alpilles, aux Baux de Provence pour glaner la Grossane. La grosse, verte bien potelée de Maussane, vous aurez beau la cueillir, c’est elle qui vous fera tomber.

Ah les Alpilles… Mr Seguin et sa chèvre… pas si bête… un refuge. Les conjurés florentins, loin des foudres médicéennes, Nostradamus, les bons vivant sont là : “Le jour où le monde arrivera à sa fin, l’eau montera jusqu’à la stèle du Mas de la Dame”… Le Mas de la Dame au centre des Baux, LE VIN bio et délicieux, et ses olives… ils ont tout prévu.

Le jour où l’eau remplacera le vin et l’huile… en Provence autrefois, l’accoucheuse recevait le nouveau né dans ses mains ointes d’huile d’olive et le plongeait dans un bain de vin rouge… c’est sûrement de ce fantasme qu’est né notre recette, née à l’huile, rougie au vin :

Dénoyautez les olives, taillez finement fenouil, ail… sautez le tout au wok, à l’huile d’olive et au sel, des feuilles de célerie réduites à leur plus simple appareil, rapide, efficace.
cassées GP
Les olives, Horace, dans ses moments de frugalité, les préférait à tout autres mets, Martial les tenait avec raison pour un apéritif propre à remédier aux effets du vin. Les Grossanes, elles anobliraient même un canard.

Aujourd’hui c’est le tour de deux petites sèches qui n’ont rien demandé, mais elles le méritent. Au wok, même chose, al dente. On les dresse dans le plat. Il faut bien, un peu de tenue c’est la première fois. On les fourre de la préparation d’olive de la tête aux gambettes… facile il y a huit pattes dans une sèche.

Autrefois au Béarn, on appelait les petits couillons, des “oulibètes”. Les devins du temple de Mylitta suçaient bien fort les noyaux d’olive, y appliquant la plus grande habileté devant des hommes en haleine de connaitre leur futur. Mylitta c’était l’Aphrodite de la Grande Putain de Babylone, le berceau de notre humanité.

C’était le devoir de chaque femme de bonne famille d’aller s’y prostituer, au moins une fois l’an. Mylitta, les olives dénoyautées et les délices de bouche… Mylitta, la naissance du militantisme ?

jambonWOK2
Calmons nous, on passe le jambon cru au wok, croustillant, on l’abreuve d’une rasade de vin doux du Mas Amiel de Maury, si on n’a plus de cette vieille et tendre brute de Vinsobre déclassé pour avoir été trop capiteux et lubrique. Née à l’huile, rougie au vin. un peu de coriandre. Un peu de coriandre, tout dans la délicatesse.
jambonbasilic
L’olive c’est la “fleur de joie” du Sonnet du trou du cul de Verlaine:

” C’est l’olive pâmée et la flûte câline,
C’est le tube où descend la céleste prâline,
Chanaan féminin dans les moiteurs éclos!”

En réalité les olives sont moins des irritations buccales, que des plaisirs tactiles “Graciles olives polies avec les doigts qui firent la colombe et la conque marine : verts, innombrables, trés purs tétons de la nature…” merci pour la démonstration Pablo Neruda : l’important c’est toujours vierge, première pression, à froid.

Un Grec ou un Romain ne les aime pas mûres. Le secret de longévité c’est “l’omphacine”, le jus visqueux de l’olive encore verte, dure et fraiche. On en oint les athlètes avant les Jeux. Miel au dedans, vert-amère au dehors, le vainqueur reçoit l’huile d’Athéna et la couronne d’Olivier, l’arbre akeratos, le sans corne, l’éternellement vivant. C’est du grec, pas de la corrida.

C’est l’odeur de l’huile chaude sur le corps qui différenciait l’homme libre de l’esclave, une sueur divine, une rosée d’or vivant. C’est l’huile “fruttato” en Italie, la “S’Olivariu” de Cesare Samugheo de Cuglieri en Sardaigne, encore si nerveuse et piquante d’amertume d’avoir été récoltée si tôt; A Mallorque, c’est la mythique DAURO récoltée uniquement sur des arbres de plus de 200 ans, juste après les pluies de Septembre qui l’ont assagie un peu pour la convaincre de dévoiler toutes les subtilités d’une gamme de goût qu’un seul clavier ne suffirait à exprimer. Comble du fantasme, jusqu’ici on pensait que l’olive passait du vert au noir sur le spectre de couleur de Newton. chez Dauro l’olive est récoltée couleur chair, unique au monde, un miracle.

Trésor de la vie, trésor de chair, quand la mer rencontre la montagne, le devin nous enjoint de trinquer avec le Stèle Blanc 2008 du Mas de la Dame…… en attendant les eaux. TRINK…
soupions cassé

photos Larry Clergue

Rigolotto d’amarante au Boletus xanthocyanus : déclinaison d’une nourriture de cueillette sarde

October 17th, 2009

Les graines d’amarante… grained'amarante

une nourriture négligée, 2 fois plus nutritive que le lait en protéine, en calcium, magnésium, etc. et qui vient en sus avec tous les éléments pour nous permettre de les assimiler.

La nature nous procure tous les ingrédients pour résoudre les crises alimentaires présentes et avenir, mais notre croyance dans le progrès, en une agriculture chimique et manipulée, ne nous empêche-t-elle pas de le reconnaitre?

Aujourd’hui, risotto d’amarante.

Cela n’existe pas. Il faut lui donner un nom. Amarantto? trop prétentieux pour cette petite graine qui ne demande rien à personne : la marante c’est drôle non? C’est rigolo. Ce sera le Rigolotto.

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Au premier abord les graines d’amarante ont une odeur de terre. On va donc procéder comme pour le risotto : d’abord le bouillon. vallée champ

C’est un plat qui ne coute rien et nourrit plus qu’un steak. On fait donc un petit tour d’une heure dans le maquis sarde pour récolter dans la nature tout ce que l’on peut trouver. ( les citadins peuvent remplacer cette cueillette impromptue par toutes les épluchures qu’ils auront gardé la semaine de leur légumes bio).

La cueillette: petite science de l’égarement. Nous revenons avec une dizaine de variétés de champignons et plantes sauvages comestibles, roquette, chenopode, feuille d’amarante, cousteline, pourpier, orties… et j’en passe.

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Première chose, on lave l’amarante dans de l’eau pour lui enlever ses saponines. Il peut y avoir des gens qui ne la supporte pas. Le savon, parfois, cela ne fait pas de mal; le savon lave les graisse et les retire…

Entre temps je lance un bouillon, partant d’un sofrito d’ail avec tous les pieds de champignons. Une fois bien revenu,soupechamp1 j’y jette pourpier, feuilles de chénopode et amarante, orties, de l’eau froide. Sur le feu doucement, un couvercle… et l’oublie.

Les feuilles d’amarante et de chénopode étaient utilisées par les indiens d’amériques pour les problèmes de dents et de décalcification des os; on y rajoutait une infusion de prêle pour sa dose de silice et sa force astrale. La médecine moderne a prouvé leurs qualités hypoglycémiantes et astringentes (Conforti et al. 2005), avec quelques amino acides rares, essentiels à l’organisme humain… que du bon, c’est pourquoi tout doux, ne faites pas bouillir.

Le pourpier, lui, est la plante méditerranéenne de la longue vie par excellence. Ici en Sardaigne il y a un village ou 60% de la population a entre 95 et 112 ans. devinez ce qu’ils mangent? Des plantes sauvages en majorité avec ce fameux pourpier, l’icone de la diète crétoise…

En attendant je prépare quelques entrées. On ne sait jamais; des invités surprises pourraient être déçus de ne voir seulement qu’un plat d’amarante. Qu’est ce que c’est ce machin. C’est mangeable? On a d’abord faim avec les yeux et la tête. Et puis ici en Italie, s’il n’y a pas d’antipasti, c’est comme s’il n’y allait pas avoir de diner. poivrons facris2

Des petits poivrons crus farcis d’anchois écrasés à la fourchette avec des oignons, les petites feuilles de cousteline, la meilleure salade du monde – une sorte de petit pissenlis à fleurs jaunes et aux feuilles à bouts arrondis -  des boutons de capres cueillis sur le mur de l’église du village. On hache et on fourre les piments.

Je garde un peu de ce hachis sans anchoi, cette fois; roquette sauvage et cousteline finement coupée, l’amarante du rigolotto refroidie, cela fera une bonne diversion : une sorte taboulé surprise.

Puisque j’y suis, je fais un caviar d’aubergine, le temps d’une pensée. Les aubergines coupées en deux au grill. sans oublier de brûler la peau. La chair passée à la fourchette avec de l’ail frais et un peu d’huile d’olive frutatto, l’huile toute jeune de Novembre, un peu amère; allez, debout là d’dans les aubergines, un peu de piquant. On est en Sardaigne, un bouquet de basilic haché ça fait pas de mal et comme il y a des jeunes filles à diner, on monte en émulsion le caviar d’aubergine avec un peu de bouillon; enfin un sacré coup de jeune et du léger au caviar qui rime avec ringard.

Trêve de plaisanteries, passons aux choses sérieuses : les champignons.

touschamps

Les champignons, cela commence toujours par une énigme, ils naissent d’un doute, s’entretiennent d’illusions et finissent quelques fois en traitres : un tour à la pharmacie s’impose, pour bien vérifier si l’on doit avouer nos dernières volontés en toute urgence.

La Bible ne parle pas de champignons… La pharmacienne non plus, elle n’est pas du coin. Toute jeunette… une bonne vérification du côté du bar des chasseurs ne sera pas de trop.

Là bas, le savant, comme au temps d’Ambroise Paré, c’est le vieux barbier. Il connait tous les champignons de la région. Il bredouille en Sarde et italien. Je ne comprend rien aux noms des champignons.

Une diablerie… responsables des plus grands délire de Pline, Introduction à la vie dévote, “Les champignons étant spongieux et poreux, attirent aisément toute l’infection qui est autour; étant prés des serpents, ils en reçoivent le venin : les bals, les danses et les belles assemblées ténébreuses attirent ordinairement les vices et les péchés qui règnent en ce lieu, les querelles, les envies, les moqueries, les folles amours. Et comme ces exercices ouvrent les pores du corps de ceux qui les font, aussi ouvrent-ils les pores du coeur. Au moyen de quoi, si quelques serpent sur cela vient souffler aux oreilles ses paroles lascives, quelques muguetterie, quelques cajoleries, ou que quelques basilics viennent jeter des regards impudiques, des oeillades d’amour, les coeurs sont fort aisés à se laisser saisir et empoisonner”… MAIS OUF… il n’y a pas de serpent en Sardaigne… c’est ce que disent les Vieux… nous sommes tranquilles.

Trêve de cheveux coupés en quatre, les chasseurs ont approuvé le jugement du barbier, impartial, franc et précis. Justice est rendue, nous ne mourrons pas ce soir.

Les coulemelles, au grill. 10 minutes de chaque côté, de l’ail pressé, du sel, de l’huile d’olive. C’est fait.

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Les autres, à la poelle, huile d’olive, sel et pour les ceps une pluie de persil, c’est pas tous les jours dimanche.

Le BOLETUS xanthocyanus, le Bolet jaune et bleu, très rare, le Graal de certains mycologues… pour l’occasion je les appelle les champignons de sorcière… donner un nom cela rassure toujours, pose le décor et met en appétit  … ils sont plus rouges que la terre de sienne, leur chair jaune se transforme en bleue quand on les coupe… par magie… bref si j’avais un peu de bave de crapaud, un ongle de chauve souris… Mais quand je les passe à la poelle, peu à peu tout redevient jaune; la cuisse flasque de la vieille sorcière se raffermit, une texture croustillante, un délice. La saveur du doute… il n’y a rien de meilleur. Je viens d’apprendre que certain les appelle “Bolets de Satan”… pas plus rassurant.

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Retour au rigolotto :

Sofrito d’ail, les graines d’amarante, le bouillon. Nous passons à table pour les antipastis, je reviens de temps en temps pour touiller. j’ai environ un quart d’heure à tenir. Attention de ne pas faire des antipastis trop faciles à manger, les gens peuvent s’impatienter.

C’est fait. En douce, deux cuillères à soupe de côté sur une assiette bien froide, pour mélanger, comme un taboulet surprise préparé avec les herbes sauvages réservée plus tôt. et tout le monde est heureux.

Accompagnez cela avec un bon blanc sec. Ici c’est le Semidano de Mogoro. Toute la Sardaigne profonde …

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La grange solaire : le design agricole et ses idées lumineuses

September 27th, 2009

Le pâturage naturel est le meilleur aliment pour un ruminant. Les vaches y trouvent tous les éléments pour constituer leurs défenses immunitaires et les protéines pour faire du muscle et du lait pour leur veaux. panopotreros2

Seulement, sous le Tropique du Capricorne, dans la région de Salta au Nord Ouest de l’Argentine, il ne pleut que les 3 mois d’été austral: Décembre, Janvier, Février. En trois mois, il tombe entre 1000 et 1500 mm d’eau, à peu prés ce qu’il tombe à Brest ou Bruxelles en un an. L’été, au Tropique, c’est aussi le moment où le soleil est à la verticale, au plus proche de la terre.

Dans ces conditions l’herbe pousse d’une manière spectaculaire. En générale l’herbe est le plus équilibrée en protéine et en sucre au moment de l’épiaison, lorsqu’elle fait ses fleurs. C’est à ce moment qu’on doit la récolter pour faire des réserves pour l’hivers optimum pour la nutrition.

Naïvement on pourrait croire que le maïs ou d’autres cultures, pourraient donner un plus grand rendement que l’herbe. Mais c’est faut. Non seulement le maïs n’est pas une nourriture pour la vache, il lui apporte trop de sucre qui ne fait pas de viande, mais de la graisse. Il suffit que votre vache se mette à gambader pour que cette graisse disparaisse immédiatement. Pa besoin d power plat, pas besoin de salle de gym.

En plus, un champs de maïs chez nous, cela donne 80 à 120 quintaux alors, avec l’herbe on dépasse rapidement les 200 quintaux voire sur certaines parcelles on est proche des 600 quintaux avec l’herbe naturelle. Ici on est sous les tropiques; le climat c’est ou trop ou pas assez, jamais au milieu; ce n’est pas une récolte et puis c’est tout; pendant 3 mois, toutes les 3 semaines une coupe nous fournit de 70 à 100 quintaux hectare, sans avoir besoin de labourer, rajouter de l’engrais… cela pousse tout seul. En plus c’est une assiette bien diversifiée, mélangeant plante nourricières, plantes appétentes et plantes médicinales, un repas complet.

Seulement pour conserver le foin, il doit être sec. Ici c’est impossible, il pleut tous les jours. Il faut donc trouver un truc. grange1C’est la grange solaire. Le toit qui protège de la pluie et sert de four pour produire de l’air chaud qui est diffusé au dessous du foin pour le sécher peu à peu.GRANGE2Le foin est apporté par l’autochargeuse devant la grange. Une pince distribue le foin dans la grange; puis prend le foin sec pour le déposer dans l’entonnoir qui amène le foin à la machine qui fait les rouleaux.GRANGE3Puis les rouleaux de foin sont stockés dans l’autre partie de la grange, avant d’être distribués dans des lieux de stockages où l’on en aura besoin.

Ici il y a 7 000 bêtes à nourrir l’hivers, lorsque le pâturage ne pousse plus. La surface utile de pâturage représente environ 20 000 ha. Cela en fait des kilomètres. Aucun déplacement de tracteur ou de pickup ne doit être fait à la légère. Il y a toujours des rouleaux à déplacer. 500 m3 de foin sont séchés par semaine. Une fois compressé en rouleau cela nous fait 200 rouleaux environ. En 10 semaines la grange est pleine. Il faut donc répartir le plus possible les réserve sur tout le territoire.GRANGE4Le principe de la grange solaire: l’air rentre sous le toit pour se réchauffer et être pulsé par un ventilateur sous le foin et expulsé une fois chargé d’humidité. Un calcul de thermodynamique doit être réalisé afin d’obtenir des températures constantes et ne dépassant pas les limites pour ne pas “cuire” le foin, ni le brûler. On doit toujours rester à 10°C au dessu de la température ambiante pas davantage. Il fait 35 à l’ombre, 80 au soleil. Au midi solaire ici on atteint facilement les 15kW/h/m2, ce qui est beaucoup; le flux d’air doit être donc calculé en conséquence.

Seul inconvénient : cette grange solaire a besoin de machines dont l’énergie serait trop onéreuse de produire par des panneaux photovoltaiques. Pour actionner le gros ventilateur et la pince de 1,5m de diamètre, qui coure sur son rail de 30m de long, nous sommes obligés de mettre un générateur qui fonctionne au diesel. Pour cela on lance un programme de fabrication de bio diesel à partir de micro algues qui digèrent le carbone des déchets agricoles. Il faut être autonomes, la première pompe à essence est à 2 heures de piste.

Plus fort que le chocolat: the milky way… les français sont-ils vraiment des veaux?

September 22nd, 2009

Il n’y a rien de plus difficile que d’être producteur laitier aujourd’hui… Et ce qui se passe ces jours ci en Europe me rend triste : Pourquoi verser le lait des vaches dans le sable… le lait des vaches…VACHEFLEURFACE

“Quand je faisais mes camember, mes vaches… elles produisaient 1500, 2000 litres/an. Aujourd’hui ils font 9 000… 15 000 litres… l’herbe? elle n’a pas changé l’herbe; elles mangent toujours la même chose les vaches…” Voila la conversation que j’ai eue avec Monsieur Durand, à la retraite aujourd’hui, qui fabriquait l’icone ultime du Camembert: le Royal Montgomery…

Son fromage était le seul fromage accepté à la table du Général de Gaulle… à la table des Windsor… Duke of Kent et the Queen of the United Kingdom… petit monde copain de fait d’arme. Je rêvais que Monsieur Durand refasse son fromage, disparu depuis 20 ans, pour montrer aux visiteurs du SIAL, le mondial de l’alimentation, à quoi pouvait ressembler un Camembert, comme on en faisait avant l’industrie.

Le Camembert n’est plus ce qu’il était? Question gout, il peut s’améliorer toujours, même si ce n’est plus celui de mon enfance; certains continuent à être respectables et puis, je ne suis pas le même non plus.

La question n’est pas là. Lorsqu’on défend le lait, on parle fait : nutrition, calcium, vitamines, minéraux, métaux… Le goût? on s’en tape maintenant. Non?

De 1500 à 10000 litres… le même territoire, la même herbe… de deux choses l’une : ou le lait a dix fois moins de constituants, ou la nourriture est complétée… et là je me tourne vers le mais et le soja. (Je ne débaterai même pas ici la nutrition à partir du silos qui est une fermentation alcoolique de soja ou mais local-entre autre-… faisant du lait le sous-produit d’une cirrhose de foie d’êtres alcooliques… cheers)

Comment a-t-on pu transformer ces vaches en usines à lait?

Une bonne sélection à la nourriture riche : Qu’est ce que vous faites quand on vous gave de sucre et d’huile? et toujours avec le même menu… une équipe gagnante cela ne se change pas…

Alors tourteau de soja… provenance Brésil… OGM, transgénique ou non, on s’en fou ce n’est pas obligatoire de le dire... même si le chercheur qui les a inventé affirme que ces sojas secrètent des toxines toxiques pour l’homme… la vache?

Mais pour la vache, à ce régime fort en azote et sucres rapides, le foie en prend un coup de toute façon… donc les défenses immunitaires ne sont pas vraiment au top… ail… les parasites attaquent… c’est pas grave un coup de chimie et ça repart… au lieu de résoudre le problème, on casse le thermomètre… et puis une machine à lait cela se remplace… grincheux, va… et la chimie nous la buvons dans le lait… cheers.

Le lait c’est pour les veaux. “Les Français sont des veaux” disait le Général, tout est dans l’ordre…

Dans un monde normal, les vaches tirent tous les bienfaits du lait de l’herbe qu’elles mangent… nous n’avons pas un estomac capable de faire de même… Nous? nous avons la curiosité et un cerveau pour nous renseigner… Ce n’est pas la vache qui produit le calcium et les protéines du lait… elle le synthétise à partir des plantes qu’elle mange… et elle en met pas mal de côté pour elle au passage, elle est grande fleurette, il faut qu’elle se nourrisse…

Eh bien nous, nous pouvons faire la même chose… sans piquer à la vache le lait de son veau…

Prenez l’amarante: une céréale mexicaine dénigrée jusqu’ici alors qu’elle détient un potentiel culinaire sans pareil…

Selon la FAO (Food and Agriculture Organisation – les Nations Unies de la faim – ou de la bouffe, selon):

L’amarante = des protéines 16% , le lait 3,5% ; de la lisine, un amino acide base de l’ADN pour laquelle on nous pousse à boire du lait car on ne le produit pas, lisine donc amarante = 85%, lait = 49%… glucose: amarante = 63mg, lait = 5mg… Calcium: amarante = 162mg, lait = 118mg… fer = 10mg, lait = 0,1mg… magnesium, amarante = 455 mg, lait = 93mg…

En résumé: l’amarante nourrit 15 fois plus que le lait, apporte 50% de plus de calcium, satisfait votre ADN avec la lisine et vous rend 4,5 fois plus heureux que le lait en vous apportant plus de magnesium que le chocolat…

Eh… Ce n’est pas parce qu’on vous présente une molécule de calcium devant le palais que vous allez l’attraper… Il vous faut tout un attirail… provitamine A, bla…bla… La trousse à outil n’est pas dans le lait… elle est dans la paquerette… Vous l’avez oublié celle-là… La vache mange la paquerette pour fixer le calcium. Et vous?

Si en plus je vous parle de la capacité de l’amarante à diminuer le taux de cholestérol dans l’organisme en diminuant le taux de sucre du foie de 50%… alors que le lait en apporte… et pourtant il y a des marques qui font des produits laitiers pour diminuer le cholestérol… taqués en touche par le FDA (Food and Drug Administration – bureau américain des fraudes) pour déroger à la loi et au bon sens républicain…

Alors?… Sommes nous vraiment des veaux? … Désolé.

Fin Aout, Coco rico… anchoïade de coco provençal au pistou

September 20th, 2009

Artichaut chocho? Aubergine gigine? non … seul le haricot, le vrai joyau de la cuisine provençale, a le privilège du “Coco”… Si vous voulez la recette zappez directement, sinon…cocofrais

Le coco, il en a fait fuir bien d’autre : Brillat Savarin, “Anathème aux haricots, anathème aux fèves des marais…” (La physiologie du gout)

Ail, les frileux du Nord… Un authentique “manger de vilain”, complice à merveille de l’ail, de l’anchois et du basilic… d’une fin d’été… gloire des couchers de soleil qui n’en finissent plus… une salve aux flamands roses trop attardés des Salins de Giraud, qui se demandent encore s’il est vraiment nécessaire de rentrer en Afrique… réconfort d’une fin de journée de soleil éclatant aux Calanques, battue par un Mistral qui a un peu trop versé de Mer du Nord dans la Méditerranée, en douce … COCO…

COCO c’est pas seulement un parfum… c’est l’ultime artifice des fêtes d’Adonis, quand toutes les épices s’aiguisent pour une semaine de licence totale, les sens à l’extrême… maris, femmes, chacun à sa guise… le 15 Aout, la fête des vierges… le plaisir sans procuration, sans procréation… une Rome décadente, Rome raffinée que nous évoque Georges Dumézil. Les cocos venaient à la fin pour calmer les ardeurs.

Bien entendu, Adonis n’a jamais été fréquentable… et tout se termine par un feu d’artifice de COCO. Des fayoux, fayoulass et favioles … cervelles de haricots… harry potter… non! Haricoter : “déchiqueter le mouton” ou… “caresser amoureusement la femme” : c’est le même mot en Auvergnat… haricot de mouton… pauvres garçons confinés en casernes, lèches culs plein de zèle aux haricots secs… bientôt métamorphosés en fayots. L’”Hotel des haricots” était bien la prison municipale et le fayot celui qui rempilait.

Pourtant en Catalogne, le délice des Carèmes, c’est le mounjo, moungeta, moungete, mogett,… une nonne… nonnette; comment confondre avec le COCO? Le “pet de nonne” est pourtant déposé : une carnation blanche sous des voiles gonflants, replète et dodue, propice à toutes les conversions. Le Coco, lui, c’est l’orgue du pauvre aux continuels souffles de joie. Hilarants. Me v’là. Take Five.

Si les Romains l’ont toujours utilisé pour mettre fin… pour sublimer une semaine d’orgie et aterrir au quotidien… c’est une Florentine, Catherine de Médicis, qui l’a rendu célèbre. Son oncle de Pape, Clément VII, Jules de Medicis, a chargé le moine Valeriano d’un sac de ce trésor de coco, tout juste découvert au Pérou, comme dote pour Henri II et sa cour à jaquette.

La valériane est pourtant une plante qui excite les chats, mais fait dormir l’homme. Le chanoine Piero Valeriano n’était pas un drôle, mais la germination pléthorique du coco l’émerveillait; ces joyaux multicolores ont été une bénédiction pour la soeur d’Alexandre de Medicis. Fleurs bleues “Si le coq a rit tôt, l’haricot que trop” Ail… traduire Queneau… pas piqué des hannetons. “On me l’a montrée… un vrai haricot” Gasparine, Pot-Bouille, Zola, Nana… un haricot sec n’a décidément pas le déhanchement voluptueux, tout puissant de chair nue et grasse du coco cuit. Pire encore aujourd’hui le maître mot est rapide, longiligne, filiforme, “la ligne”… le haricot VERT est devenu le “New Look”, le credo des temps modernes, d’un ennui qui rend la femme exsangue et désincarnée.

“Eh bien semons donc pendant qu’il est encore temps,

Car la chanson des haricots est une des plus courtes qui soient”

chantait Georges Guétary dans  La Route Fleurie de Francis Lopez. Olé! Besitos.

La recette :

Ingrédients : des cocos, du vert, des épices, de la base d’anchoiade.

Options : poutargue ou basilique, il faut choisir.

Conseil : préparer avant de se coucher pour le lendemain soir.

Sofrito d’oignon et ail avec du vert : nous avons sur le marché d’Arles les “aubergines thai”, les “courgettes serpent” bio, le basilic royal et la citronnelle locale tout cela chez les Laos. aubergine thaiOui nous avons de la chance : Le sofrito, toujours dans de l’huile d’olive.

Je vous rappelle que la meilleure huile d’olive cette année en France est celle du chateau de Montfrin, médaille d’or du concour agricole 2006 et 2008, élaborée par le génial Jean René de Fleurieu… sans faute, excellent.sofrito coco

Le coco n’accepte pas le médiocre. Lorsque le sofrito est prêt : jetez les cocos écossés, sans kilt. De l’eau, la moins calcaire possible; dans le midi on utilise l’eau de pluie. Et couvrez.

Feu doux, inexistant, mettez le diffuseur épais. Dés que cela boue, vous tremblez. Pas trop, un peu. Bref vous arrêtez. Le mieux c’est une casserole en fonte comme cela la chaleur reste.  C’est tout en douceur, mon coco.  Il est 3 heures du matin vous éteignez tout. Vous couvrez. Au réveil, vous soulevez le couvercle. Mumm. Il fait beau. Remettez un coup de chaud. Pas trop.

Le soir vous revenez. Le sérieux commence : Selon l’humeur,  vous broyez une botte de basilique ou bien vous tranchez en micrométrique une poutargue.

Une fois repris vos esprits vous attrappez une casserole pas trop grande, de l’ail pilé, l’huile d’olive, sur le feu. Avec une louche, vous prenez tout le jus que vous pouvez des cocos, direct, dans l’ail à point. Une pointe de piment chipotle mexicain, pour le fumet et l’étincelle, c’est tout.

Maintenant l’anchoiade: une cuillère, vous diluez, deux… trois. Allez jusqu’au bout; c’est cette émulsion qui vous servira de sel pour tout vos COCOs. Pimentez et salez comme il se doit. Alors imaginez… pas tout much sinon… Mélangez avec les Cocos… Respirez… Bien, pas mal. Dés que vous sentez que ce n’est plus trop chaud, vous prennez 2/3 du basilique ou de la Poutargue et mélangez. servez et recouvrez du restant. (sans manger la poutargue en douce, eh!  fayoulass…)coco pret

Désolé j’ai craqué.