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Les vaches nous parlent de santé

vachefleurfaceL’essentiel des maladies de la vache proviennent de son alimentation.

C’est la biodiversité de sa nourriture qui construit ses défenses immunitaires; mais attention aux excés, ils peuvent détruire ces défenses immunitaires en un clin d’oeil.

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C’est la même chose pour l’homme. Chez la vache cela se voit quasi instantanément; l’homme, on s’habitue à ses faiblesses passagères. La vache, un déséquilibre dans sa nourriture se répercute immédiatement sur son poil, au coin de ses yeux,  la propreté de son arrière train, le gras de son pelage, ses bouses… La vache nous parle de son état de santé en permanence : il faut l’observer et corriger son alimentation pour sa santé.

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Sinon ces excès vont provoquer des mamittes, des parasitismes, jusqu’à des avortements et des morts de veaux à la naissance.

Comment cela peut se produire ?

Un champs est dominé par le trèfle, la vesce et le lotier. Le trèfle n’a rien de mauvais en soi, bien au contraire il est essentiel pour la pousse des graminés; mais en excès ces légumineuses apportent trop d’azote au menu quotidien de la vache : tout de suite les bouses de vache deviennent de plus en plus liquides. vachegratte

Puis l’arrière train de la vache se salit; des petit cristaux noirs apparaissent aux coins des yeux; le ventre devient également sale et le poil du garrot part dans tous les sens. Quelques jours après, si son menu ne change pas, la vache commence à lécher son flan arrière, puis se gratter sérieusement et c’est un début de parasitisme…

Si les 2/3 du troupeau présentent les mêmes symptômes, il faut prendre la chose au sérieux et agir. Sans compter que dés que le trèfle blanc Trifolium repens fleurit il produit du cyanure; un petit veau ne peut pas y résister.

En fait il se passe exactement la même chose que si un homme faisait la feria et buvait en se goinfrant toute l’année. La vache, par ces signes, nous dit qu’elle mange plein de sucres qui fermentent ultra vite associés à trop d’azote… c’est la fête, seulement il faut de la modération en tout. Avec les signes qu’elle nous envoie, la vache nous montre qu’elle a besoin de fibres utiles; des fibres mûres constituées de sucres très lents.

Si l’on ne respecte pas ce que la vache nous dit, c’est la facture du vétérinaire qui va augmenter. Le fermier se met à investir dans une ribambelle de vaccins pour lutter contre une mamitte, un parasitisme, une langue bleu… en réalité il ne fait que casser le thermomètre, il ne fait que soigner le signe d’un déséquilibre bien plus profond sans s’attaquer au réel problème qui aura des conséquences bien plus graves à terme. Le problème résolu à un endroit, réapparaitra à un autre.

Ces observations qui étaient partagées par tous les éleveurs auparavant, ne sont quasiment plus enseignées dans les écoles d’agronomie. Le Dr Bruno Giboudeau, vétérinaire passionné d’alimentation a soulevé le problème en tentant d’apporter un solution aux éleveurs à travers sa méthode OBSALIM, Observation alimentaire, comme son nom l’indique. Chez SOS SOiL, nous sommes en plein dedans, en Amérique comme en Europe.

En fait, les excès sont bien plus graves que les carences. La vache est faites pour manger de l’herbe et de la fibre. Mais la grande majorité des fermiers aujourd’hui dans le monde leur donnent du mais et du tourteau de soja.

En Argentine plus de 80% des vaches sont élevées en Feed-lot, sorte de camp de concentration pour ruminants, avec comme nourriture du tourteau de soja OGM, résidu de la presse pour produire du biodiesel. Ces vaches en milieu artificiel n’ont plus les ressources pour fabriquer leurs défenses immunitaires et donc les vétérinaires locaux les bourrent d’antiparasites et de vaccins en tous genres… Aprés ces vaches sont mangées par l’homme; tous ces produits lui sont transmis…

Le problème réside aussi peut être dans un éblouissement par la course technologique qui pousse le fermier à confondre productivité et rentabilité. Les paquets OGM tout préparés, qui comprennent herbicides, fertilisants et semences génétiquement modifiées, augmentent de prix chaque année de 25 à 30%. Les médicaments et les vaccins… il en faut chaque année plus…

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Mais en France ou en Belgique, il n’y a pas officiellement de semences OGM… excepté lorsque ces semences sont achetées en Espagne et passées en France, sous l’oeil bienveillant du douanier, pour être plantées fièrement avec l’air malicieux du paysan rebelle à la loi… De toute façon ce tourteau de soja transgénique est importé du Brésol à moindre cout, quant on veut. Selon Greenpeace, chaque Français a abattu sans le savoir 450m2 de forêt amazonienne, dédiée désormais à la culture de soja transgénique pour nourrir ses vaches et faire du lait et de la viande.

Lorsque les vaches sont tout simplement envoyées paitre dans un beau pâturage; pour bien faire chaque année le paysan gardera un bout de sa terre pour faire du foin pour l’hivers…

Ce foin il voudra qu’il soit le plus riche possible et donc il y mettra toujours plus d’engrais. Toujours plus et voila dans le champs une explosion de pissenlits Taraxacum off. … c’est le stade 1, le champs devient tout jaune. Puis c’est au tour des boutons d’or et Ranunculus acris et des rumex obtus Rumex obtusifolia... C’est le stade 2, lorsque les nitrates du sol ont tendance à se transformer en nitrites pathogènes pour l’animal et pour l’homme qui mange l’animal ou qui boit son lait. Les nitrites 3+, forment des ions beaucoup plus actifs que les nitrates 2+, ils ont la particularité de flinguer tous les antioxydants. Alors attention.

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Là encore, bio ou non, l’agriculteur met de l’engrais sur son champs sans se poser de questions quant à l’état de son sol.

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Et puis, le fumier est-il réellement composté? Les bactéries ont elles eu le temps d’effectuer leur rôle? avec le froid de certaine région cela peut prendre des dizaines d’années… le tas de compost sur la photo est pathogène pour le bétail. Personne ne s’en rend compte et l’hivers venu les vaches vont en souffrir…

C’est pourquoi il est impératif d’observer également les plantes indicatrices. C’est elles qui peuvent nous renseigner sur la qualité du fourrage et l’action (ou l’inaction) qui doit être lancée pour assurer la santé du bétail.

Ainsi au cours de chaque mission nous tentons de former les paysans afin qu’ils puissent réagir le plus en amont possible, de manière à prévenir tout trouble de santé possible. Lorsque le paysan investit dans un diagnostique de 2/3 jours par nos soins, cela lui lui revient en général moins de 10% de ce qu’il devrait payer en vétérinaire et drogues en tout genre si l’on n’était pas intervenus. Notre but est surtout de le former afin qu’il reçoive les clefs d’une formation qui li servira pour toujours.

C’est ce que nous faisons en Europe, en France, en Belgique, en Espagne, où nous avons des viandes fabuleuses, mais surtout, c’est ce que nous avons la chance de faire en Argentine, que nous aimerions voir re-produir cette viande qui était la meilleure du monde comme au siècle précédent.

C’est un travail de passionné qui demande une rigueur ferme au niveau de la traçabilité de la bête, mais aussi de la durabilité de la production, au niveau de sa nourriture avec les meilleurs pâturages naturels, de son emprunte carbone avec le recyclage des pollutions que produisent 7000 bêtes sur 40 000ha et surtout dans la préservation des espaces sauvages qui sont des puits sans fonds de biodiversités et des recours quotidiens apportant des solutions tant pour la santé des bêtes que pour le devenir du domaine.

Enfin si l’on aime la viande, il faut que cela soit un plaisir d’exception. Il ne faut pas en manger tous les jours, seulement accepter le meilleur, des meilleures provenances. Un quinotto, un plat de céréale et légumineuse bien cuisiné sont équivalent en protéine à un steak de boeuf,  mais 10 000 fois inférieur en énergie équivalente pour le produire, donc d’une empreinte carbone bien moindre. C’est pourquoi la viande doit rester un plaisir d’exception. Comme pour les vaches, il faut que nous multiplions la biodiversité de nos aliments pour diminuer la facture de notre médecin…

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