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Posts tagged ‘lapacho’

Argentine 8 : planter des arbres c’est bien, les utiliser pour la sécurité alimentaire c’est mieux

July 7th, 2009

Comment utiliser un arbre pour assurer la sécurité alimentaire?

Pour diversifier les revenus, les ingénieurs agronomes argentins ont eu la très bonne idée de s’intéresser à la plantation de noyers.

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Il se trouve que les noix se vendent un bon prix en Argentine et la demande est là. De plus, les noyer font un bois de bon rapport, alors pourquoi pas participer à l’effort mondial pour planter des arbres, si cela peut aider à la lutte contre le réchauffement planétaire.

Mais planter 8500 noyers d’un coup, cela va faire à terme, une forêt qui va enlever du pâturage aux bêtes. Le feuillage dense et l’architecture basse du noyer va complètement stopper la production de fourrage en dessous.

Autant de noyers vont rendre impropre au pâturage plus de 60ha. Sans compter la véritable prolifération de plantes étrangères qui peut bouleverser l’équilibre écologique du domaine et les déjections de cyanures du brou de noix des enveloppes de la coque qui peut provoquer de graves pollutions et ralentir la pousse des plantes alentour.

Planter des arbres peut rapporter beaucoup plus, c’est là que nous intervenons :
Il faut faire du noyer un allié et tenter de réfléchir sur tout ce qu’il peut apporter. Il faut maintenir la logique de développement durable de l’ensemble de la propriété et intégrer les noyers pour qu’ils participent à l’effort général.

Que peut bien apporter un arbre comme le noyer ?

  • Le noyer fixe environ 200kg d’azote par an, de l’air dans la terre.
  • Il entretient autour de lui tout un réseau mycélien qui se construit de manière à diffuser les ressources en eau et minéraux, directement aux racines.
  • Il entretient la vie du sol en soutenant toute une activité bactérienne qui permet aux plantes de pousser.
  • Il fixe et retient le sol des zones en érosion, voire en danger de devenir des canyons, la plus grande menace du domaine
  • Pour le domaine il peut devenir un véritable amortisseur climatique contre les bouleverssements en cours, en protégeant du vent, du gel et par ailleurs en précipitant la pluie par les mollecules qu’il diffuse.
  • Les arbres sont vitaux pour l’équilibre alimentaire des chevauxchevaux; n’oublions pas que leur biotope originel est la clairière.

Quelles sont les priorités du domaine ?

Nous avons besoin d’engrais vert qui fournisse l’azote pour faire pousser notre fourrage.

Nous avons besoin à tout prix de renforcer la couverture végétale tant en surface, qu’en racines profondes pour stopper l’érosion et la progression des canyons.

Il faut donc mettre en place la Sylvo-agriculture :

L’expérience nous montre que la densité idéale d’arbres par hectare est de 50. Cette distance permet le passage des machines,
8500 arbres vont nous servir pour 170 ha.

Comment planter ces arbres ?

La distance entre les arbres :
Pour savoir à quelle distance les planter il faut faire le calcul suivant :

d = √A/n

d, la distance, A l’aire en question, n le nombre d’arbre. C’est ainsi que pratiquait Braun-Blanquet, l’inventeur de la phytosociologie.

Ainsi pour nos 50 arbres par hectare il faut planter 1 arbre tous les 14m.

Le type de sol :

Le noyer supporte très mal les excès d’eau. Il aime les endroits bien drainés, donc pas trop argileux. Si ce caractère n’est pas respecté, vous exposerez vos noyers à des maladies parasitiques. En Argentine, dans la région du NOA, le Nord Ouest, le parasite le plus courant est le Phytophtora , un champignon qui s’attaque directement aux racine et contre lequel les gens d’ici n’ont rien trouvé de mieux que d’amputer la partie atteinte de l’arbre, ce qui n’arrange rien pour son développement. Alors surtout éviter tout type de goutte à goute, etc.

Ne surtout pas travailler le sol avant de le planter. Si vous labourez, vous risquez de provoquer des semelles de labour et une déstructuration du sol qui condensera les argiles en blocs et freinera le drainage. C’est la meilleure manière d’affaiblir vos arbres et de les rendre vulnérables aux parasites, insectes et champignons.

Il suffit de faire un trou de la taille de la motte et de le planter. Punto y basta.

Pour garantir une pousse régulière et accélérée, nous allons procéder à la mycoforestation.

Deux techniques selon les conditions du lieu :

chenesSi vous avez une vieille foret à proximité, vous reliez les arbres tout juste plantés avec les vieux par des copeaux mis en surface pour faire « courir » le mycélium.

Sinon, vous procédez directement à  l’inoculation de mycélium élevé en laboratoire, qui, en se reproduisant, fournira directement aux racines de l’arbre, son eau et ses nutriments favoris dans les quantités idéales. Il faut toujours s’aider de la nature en faisant appel à ce qu’elle sait faire de mieux.

Voici la raison pourquoi il ne faut pas labourer autour des arbres, ni “gratter”, c’est la meilleure manière de casser toutes les relations mycelliennes et mycorhyzales, la symbiose que l’arbre et les champignons ont réussi à construire. Tout un travail que l’homme va détruire sous prétexte de vouloir “aérer” le sol, alors qu’il ne fait que destructurer sa nature profonde et rompre la dynamique des êtres qui en assurent son équilibre. Et enfin… personne n’a l’idée de labourer dans la forêt pour faire pousser les arbres.

Des arbres pour l’agriculture.

Avec une densité de 50 arbres par hectare, soit un arbre tout les 14m, aussi bien des plantations de cultures vivrières, que le pâturage pourront prospérer… et en plus chaque année vous aurez votre récolte de noix. Au bout de 20 ans vous aurez votre récolte de bois de première qualité.

Organiser la biodiversité

Il ne faut pas planter uniquement des noyers… pour réussir son coup il faut organiser la biodiversité et tout particuièrement lorsque l’on veut cultiver des graminées comme le riz ou le foin il faut planter des légumineuses: des acacias et autres mimosacées, ici nous avons le magnifique lapacho rose qui est aussi un arbre médicinal précieux pour soigner le cancer; ou bien, un autre légumineux comme le caroubier, qui non seulement est l’un des meilleurs engrais vert connu, mais aussi fournira un fourrage délicieux avec ses feuilles (mais attention, trés riche en azote) et des gousses comestibles trés riches, excellent complément alimentaire d’hivers.

Maitriser la pollution.

8500 noyers cela en fait des noix… au moins 12 000 tonne/an. Sur ces 12000 tonnes 7000 tonnes sont des déjections remplies de brou de noix, riches en cyanure et carbone. Une pollution ? Non, la matière première idéale pour fabriquer du bio diesel grâce au micro algues

Mission Design Agricole – Argentine 4 / Comment s’intéresser à la nature peut devenir intéressant pour un agriculteur : Biodiversité de plantes à huile essentielle, médicinales ou ornementales sauvages pouvant être exploitées ou cultivées

March 23rd, 2009

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Ce maquis touffu, jusqu’ici considéré comme gênant le bétail ou toute autre production, est en fait un trésor vivant :

Il protège des dizaines de variétés de colibris et oiseaux mouches (bien trop difficiles à photographier!), sans parler des aigles, vautours et autres rapaces, dont 6 nids du plus majestueux d’entre eux le grand condor… et aussi un couple de grande Outarde Kari, oiseau spectaculaire rarissime dont le mâle dépasse les 1m20. Aussi les “Quaras”, les petits lamas sauvages et les grands chats “Cougars” qui se partagent le territoire.

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Lorsque l’on s’occupe de bétail, le Cougar peut devenir un grand atout : Le bétail sait se défendre contre lui, mais sa présence le garde en alerte et le fait bouger. Lorsqu’il remplit son rôle, le cougar devient un allié essentiel contre le surpâturage et en outre, fait office de nettoyeur en éliminant toutes les bêtes blessées ou malades.

La nature joue son rôle. Il faut observer, comprendre et laisser faire.

Revenons aux richesses de cette imménsité de maquis. Tout d’abord la biodiversité : nous sommes sur le biome primaire du tabac! ici il y en a de toute sorte. Diana voulait arrêter de fumer, à chaque fois qu’elle ramenait une plante c’était une variété de tabac. Les photos qui suivent sont pour les amateurs de cette plante sacrée…

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tabacvraisdecolianetube

Il faut commencer par la plante qui réunit les Dieux et les hommes et intercède pour la paix auprès des anges, celle qui est pollénisée par l’oiseau mouche. Il faut maintenir le tabac sauvage à tout prix pour abriter l’oiseau magique. (le tabac en haut à gauche est le tabac glauque, qui se fume sans avoir besoin de le faire fermenter). Aux USA les tribus d’indiens parquées sont en train de retrouver le sens et le lien que cette plante a toujours constitué pour leur civilisation. Arrêter de fumer et s’intéresser au rite véritable du tabac est une manière pour eux de fuir la banalité du quotidien, de retrouver le partage fondateur de leur culture, de retrouver leur identité. Cette plante est l’homme.

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Et maintenant les huiles essentielles : tout d’abord la verveine odorante arbustive, Aloisia sp., celle qui a fait la fortune des parfumeur de Grasse, l’Eau du Coq, l’Eau de Cologne… au XVIII eme siècle cette plante fut importée d’ici pour être plantée aux bords de la méditerrannée. Nous sommes sur son biotope originel, là où elle exprime le mieux sa force et la palette complète de ses nuances olfactives. Nous sommes ici en face de de tonnes d’essences olfactives; l’exploitation peut commencer. Il faut la pratiquer de manière durable, afin de préserver son caractère sauvage. L’huile essentielles doit être produite selon la technique française, à la vapeur continue en empêchant tout risque qu’une goutte huile recuise et ne devienne carcinogène. Les extraits des autres plantes vont être analysés au laboratoire de l’université de Tucuman pour définir l’intérêt et la composition de leurs huiles.

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Les nourritures sauvages sont pléthorique sur le territoire, mais plus intéressant encore sont les plantes qui sont à l’origine de quelques’une parmi les plus importante pour notre alimentation mondiale, la pomme de terre sauvage dans son biotope primaire, à l’origine de toute celles du monde, une sorte de potiron sauvage, des petits pois accompagnés d’ail sauvage américains (pour ceux qui disent qu’il n’y a pas d’ail originaire d’amérique)… mais aussi plus loin le merceilleux sureau des Andes qui prend des dimention arbustives impressionnante, le délicieux Berberis-épine vinette, le pêcher sauvage, des radis sauvage et le fameux maca des Andes, navet à l’arome chocolaté amère aphrodisiaque et hyper concentré en minéraux, dont le marché ne cesse de croître dans le monde entier.

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Et sur les frondaisons des lapachos, la Uncaria tomentosa, la griffe de chat, qui a le bon gout de fleurir en alternance avec son arbre support. Le lapacho est l’arbre mythique du Nord Ouest de l’argentine, un grand arbre au fleur rose. Comme la liane Uncaria, cet arbre figure sur la liste des plantes prioritaires de l’OMS, Organisation Mondiale de la Santé, comme médicament pour lutter contre le cancer. La production de ces deux plantes peut se faire en permaculture, l’une soutenant l’autre.

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Begonia blanc, rouge, hypomeas, arum, uncarias, solenaceas, cacti, lianes… tant de plantes sauvages que nous connaissons domestiquées dans nos jardins européens. En tout état de cause, il en reste plein à dompter…

Comme ce jasmin géant arbustif, Mandevilla sp., aux senteurs enivrantes

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Il n’y a pas que le bétail, le soja et les céréales à cultiver! Il faut être à l’écoute de la nature et elle vous guidera vers de nouveaux horizons. C’est tout l’art du design agricole, que de mener cette opération afin d’obtenir des produits intéressants à la clé, qui puissent séduire une clientèle sans être à la merci de distributeurs et de marché de matières premières, insécures et impersonnels.