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Argentine 8 : planter des arbres c’est bien, les utiliser pour la sécurité alimentaire c’est mieux

Comment utiliser un arbre pour assurer la sécurité alimentaire?

Pour diversifier les revenus, les ingénieurs agronomes argentins ont eu la très bonne idée de s’intéresser à la plantation de noyers.

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Il se trouve que les noix se vendent un bon prix en Argentine et la demande est là. De plus, les noyer font un bois de bon rapport, alors pourquoi pas participer à l’effort mondial pour planter des arbres, si cela peut aider à la lutte contre le réchauffement planétaire.

Mais planter 8500 noyers d’un coup, cela va faire à terme, une forêt qui va enlever du pâturage aux bêtes. Le feuillage dense et l’architecture basse du noyer va complètement stopper la production de fourrage en dessous.

Autant de noyers vont rendre impropre au pâturage plus de 60ha. Sans compter la véritable prolifération de plantes étrangères qui peut bouleverser l’équilibre écologique du domaine et les déjections de cyanures du brou de noix des enveloppes de la coque qui peut provoquer de graves pollutions et ralentir la pousse des plantes alentour.

Planter des arbres peut rapporter beaucoup plus, c’est là que nous intervenons :
Il faut faire du noyer un allié et tenter de réfléchir sur tout ce qu’il peut apporter. Il faut maintenir la logique de développement durable de l’ensemble de la propriété et intégrer les noyers pour qu’ils participent à l’effort général.

Que peut bien apporter un arbre comme le noyer ?

  • Le noyer fixe environ 200kg d’azote par an, de l’air dans la terre.
  • Il entretient autour de lui tout un réseau mycélien qui se construit de manière à diffuser les ressources en eau et minéraux, directement aux racines.
  • Il entretient la vie du sol en soutenant toute une activité bactérienne qui permet aux plantes de pousser.
  • Il fixe et retient le sol des zones en érosion, voire en danger de devenir des canyons, la plus grande menace du domaine
  • Pour le domaine il peut devenir un véritable amortisseur climatique contre les bouleverssements en cours, en protégeant du vent, du gel et par ailleurs en précipitant la pluie par les mollecules qu’il diffuse.
  • Les arbres sont vitaux pour l’équilibre alimentaire des chevauxchevaux; n’oublions pas que leur biotope originel est la clairière.

Quelles sont les priorités du domaine ?

Nous avons besoin d’engrais vert qui fournisse l’azote pour faire pousser notre fourrage.

Nous avons besoin à tout prix de renforcer la couverture végétale tant en surface, qu’en racines profondes pour stopper l’érosion et la progression des canyons.

Il faut donc mettre en place la Sylvo-agriculture :

L’expérience nous montre que la densité idéale d’arbres par hectare est de 50. Cette distance permet le passage des machines,
8500 arbres vont nous servir pour 170 ha.

Comment planter ces arbres ?

La distance entre les arbres :
Pour savoir à quelle distance les planter il faut faire le calcul suivant :

d = √A/n

d, la distance, A l’aire en question, n le nombre d’arbre. C’est ainsi que pratiquait Braun-Blanquet, l’inventeur de la phytosociologie.

Ainsi pour nos 50 arbres par hectare il faut planter 1 arbre tous les 14m.

Le type de sol :

Le noyer supporte très mal les excès d’eau. Il aime les endroits bien drainés, donc pas trop argileux. Si ce caractère n’est pas respecté, vous exposerez vos noyers à des maladies parasitiques. En Argentine, dans la région du NOA, le Nord Ouest, le parasite le plus courant est le Phytophtora , un champignon qui s’attaque directement aux racine et contre lequel les gens d’ici n’ont rien trouvé de mieux que d’amputer la partie atteinte de l’arbre, ce qui n’arrange rien pour son développement. Alors surtout éviter tout type de goutte à goute, etc.

Ne surtout pas travailler le sol avant de le planter. Si vous labourez, vous risquez de provoquer des semelles de labour et une déstructuration du sol qui condensera les argiles en blocs et freinera le drainage. C’est la meilleure manière d’affaiblir vos arbres et de les rendre vulnérables aux parasites, insectes et champignons.

Il suffit de faire un trou de la taille de la motte et de le planter. Punto y basta.

Pour garantir une pousse régulière et accélérée, nous allons procéder à la mycoforestation.

Deux techniques selon les conditions du lieu :

chenesSi vous avez une vieille foret à proximité, vous reliez les arbres tout juste plantés avec les vieux par des copeaux mis en surface pour faire « courir » le mycélium.

Sinon, vous procédez directement à  l’inoculation de mycélium élevé en laboratoire, qui, en se reproduisant, fournira directement aux racines de l’arbre, son eau et ses nutriments favoris dans les quantités idéales. Il faut toujours s’aider de la nature en faisant appel à ce qu’elle sait faire de mieux.

Voici la raison pourquoi il ne faut pas labourer autour des arbres, ni “gratter”, c’est la meilleure manière de casser toutes les relations mycelliennes et mycorhyzales, la symbiose que l’arbre et les champignons ont réussi à construire. Tout un travail que l’homme va détruire sous prétexte de vouloir “aérer” le sol, alors qu’il ne fait que destructurer sa nature profonde et rompre la dynamique des êtres qui en assurent son équilibre. Et enfin… personne n’a l’idée de labourer dans la forêt pour faire pousser les arbres.

Des arbres pour l’agriculture.

Avec une densité de 50 arbres par hectare, soit un arbre tout les 14m, aussi bien des plantations de cultures vivrières, que le pâturage pourront prospérer… et en plus chaque année vous aurez votre récolte de noix. Au bout de 20 ans vous aurez votre récolte de bois de première qualité.

Organiser la biodiversité

Il ne faut pas planter uniquement des noyers… pour réussir son coup il faut organiser la biodiversité et tout particuièrement lorsque l’on veut cultiver des graminées comme le riz ou le foin il faut planter des légumineuses: des acacias et autres mimosacées, ici nous avons le magnifique lapacho rose qui est aussi un arbre médicinal précieux pour soigner le cancer; ou bien, un autre légumineux comme le caroubier, qui non seulement est l’un des meilleurs engrais vert connu, mais aussi fournira un fourrage délicieux avec ses feuilles (mais attention, trés riche en azote) et des gousses comestibles trés riches, excellent complément alimentaire d’hivers.

Maitriser la pollution.

8500 noyers cela en fait des noix… au moins 12 000 tonne/an. Sur ces 12000 tonnes 7000 tonnes sont des déjections remplies de brou de noix, riches en cyanure et carbone. Une pollution ? Non, la matière première idéale pour fabriquer du bio diesel grâce au micro algues

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