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Jour de fête chez les gauchos

November 26th, 2009

gauch03Nous sommes au dessus de Salta, le Nord Ouest Argentin, à l’endroit même où s’est décidée l’indépendance de l’Amérique latine, l’Estancia d’où est parti le général Arenales pour libérer les Andes de ses congénères espagnols.

“ L’Ange de la victoire guide mon étendard : suivez sa course vers l’indépendance et la gloire… suivez Arenales : celui qui vole de triomphe en triomphe pour que mon armée scelle sur tous ces champs de bataille, la complète émancipation du sol INCA.”

plaque

1812. Le Général San Martin, fondateur de l’Argentine, en grand publicitaire, s’adresse aux Indiens Calchaquis Diaguitas pour leur présenter son bras armé, celui qui reprend l’étendard de l’illustre Güemes qui se meurt sur le champ de bataille. Salta est vaincue.

Pour chasser l’espagnol métropolitain, San Martin crée l’Inca blanc : le général Juan Antonio Álvarez de Arenales ;
Il servira juste le temps qu’il faut et tout comme l’Inca, le monde l’oubliera bien vite.gauch2

Ce dont le grand San Martin ne s’est pas rendu compte, c’est que sans le vouloir, ses paroles ont créé un mythe bien plus important dans l’âme argentine : en sortant l’Inca blanc de son chapeau, il vient de lancer le mythe du gaucho qui va désormais hanter le poète et la littérature de l’Amérique du Sud comme le corbeau d’Edgar Alan Poe.

gauch01Le Gaucho avant tout, c’est l’indien qui va répondre à l’appel de San Martin. Gaucho vient de Huachu, en Quechua, la langue des Andes, c’est l’orphelin. Celui qui n’a plus de devoir envers sa famille, ou plus de famille du tout et peut se sacrifier à « la complète émancipation du sol INCA ».

Ce jour là, une armée s’est levée des montagnes, mue par l’espoir d’une société où tous seraient reconnus sur un pied d’équivalence. Voilà comment fut « vendue » aux indiens l’Indépendance de l’Argentine. Voilà ce que doivent aux gauchos, ceux qui sont devenus caciques à la place des caciques Espagnols.

gauch02Le gauchos, lui, restera toujours orphelin de la liberté. Ni mercenaire, ni soldat, l’homme se réveille sur la brèche de l’apocalypse, prêt à tous les exploits pour donner son âme à la juste cause. Puis, gentiment, il rentre dans le rang pour s’occuper des siens et de son troupeau.gauch4

gauch detail1

Mais s’il n’a plus personne à protéger; il fuira son cœur, ses montagnes ingrates et errera dans la pampa immense, à la mesure de sa mélancolie, de ses espoirs évanouis, de son blues ; dans la nature, sa maudite sœur de toujours.
Son compagnon? Le Nahual, le double animal des indiens d’Amérique, celui qui fait sortir Pablo de lui même, seul avec son couteau pour terrasser un puma de 2,5m en train de manger ses poules. Sans crier gare, notre gaucho s’est transformé en  jaguar.

Aujourd’hui, c’est un grand jour : c’est la fête, la Santa Rosa de Lima, patronne de l’armée de libération et patronne de l’Estancia de l’Inca Blanc ; tous, ils surgissent des montagnes, en tenues d’apparat briqués à neuf sur leurs plus beaux chevaux péruviens, à la robe jais éclatante, au pas fier et cadencé, porter haut les couleurs de la liberté.

helicoAujourd’hui le Gaucho reprend son âme : 200 ans plus tard, pour la première fois depuis l’Inca Blanc,gouver le gouverneur de la Province de Salta descend de son hélicoptère pour leur rendre hommage.

Prier avec eux.

panomesse

Pour lui, ils ont tué 2 bœufs, fait chauffer l’énorme four communal une semaine entière et préparé l’asado et le guisado.

viande tripesviande cotevainde assietteviande cousueviande 5viande4

VIANDE3piedsIci, savoir trancher dans le vif, c’est savoir vivre. Manger, c’est tuer.

Aucun détour, aucune pudeur devant la mort.

Le guisado : toutes les parties tendres de l’animal sont marinées dans l’huile, le vinaigre, les herbes, l’ail et le piment ; enfin, recousues dans la peau de l’animal pour être rôties dans un four grand comme une maison, pendant 12 heures.

L’asado : les côtes et les abats sont préparés, les tripes tressées, les pieds paquets, les cœurs embrochés, les hauts de côtes et le Bife de Chorizo, le cœur d’entrecôte, tout pour le BBQ sur des braises agonisantes, à la limite de l’extinction pour une cuisson plus lente et pénétrante possible.

ASADO

Chaque morceau de cette viande, chaque bouchée de ce festin de 1000 convives, c’est de l’histoire qu’on croque, du rituel qu’on mâche, de la magie qu’on niaque. Le bœuf a été sacrifié et partagé comme l’ont fait les ancêtres. Les cubis de vins sont tirés à l’eau ardente et au Ferney Branca.

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DéCOUPEC’est le plus beau jour de l’année. Le discret gaucho parle, sourit, se dévoile ; la femme, elle, reste à distance et impose le respect. chinita1Elles sont loin d’être des cantinières de régiment. Peu de femmes sont gaucho, et la plupart du temps c’est elles qui mènent la troupe ; elles portent la jupe en vraies amazones : on les appelle les chinitas, les p’tites chinoises, car les longues journées de soleil dans la poussière du bétail leur ont bridé à jamais leurs yeux d’indiennes burinées.chinita2

Aguardiente, Ferney, vin, nous sommes là pour saluer les ancêtres. Maîtres du Monde, les lassos volent, les taureaux sont arrêtés sur place, ou presque, enfin… c’est bien moins précis qu’un jour de travail ordinaire au corral. Le cheval a tout comprit ; il prend désormais les rennes ; l’homme est tout absorbé à l’euphorie de son mythe et le taureau exulte. Le mythe du rodéo des cowboys texans ? Rien à voir.

FETE12FETE16FETE19FETE8

FETE4FETE5FETE10FETE20FETE22FETE24FETE27FETE31FETE36FETE45FETE48FETE49Le gaucho, pour l’écrivain argentin, c’est le Faust, la Divine Comédie, le Don Quichotte du cru : Martin Fierro. Il fallait le trouver ce nom! Fier comme San Martin ! Mais pour faire accepter son héros Jose Hernandez l’illustre auteur, admiré par tous ceux qui comptent dans la littérature du XIX° siècle… en a fait un homme blanc qui va défendre le faible contre le méchant noir. Je caricature un peu, c’est plus vendeur. John Wayne en Sioux ça passe mal. Car ici le noir, c’est l’indien. Dans l’imaginaire argentin le plus souvent, un noir des Antilles c’est mieux qu’un indien. Ici la dignité a son échelle que l’indien n’a pas eu le droit de gravir pendant longtemps. Heureusement les choses changent, Dieu merci.

Martin Fierro, c’est ainsi que le jeune Jorge Luis Borges, l’icône absolue du blues argentin, a nommé son premier groupe… de poésie engagée. Le gaucho pour lui c’est la ressource ultime de l’âme de l’Amérique du Sud. Pour Borges et ses compères c’est avec lui que doit s’incarner l’esprit du jeune continent, rechercher en lui toutes ses ressources pour s‘émanciper de la lointaine Europe si pesante au jour le jour. Il faut créer quelque chose de nouveau.gauch1

Mais Borges est resté enfant d’Ulysse et le gaucho enfant de l’Inca. Ils se sont ignorés. C’est le drame du continent. Pourtant, sur toutes les routes d’Argentine, au moindre détour d’un désert, il y a des autels au Gauchito Gil sous un grand caroubier, le robin des cactus. On n’en parle pas. C’est un truc de pauvres. Tous les humbles lui apportent une libation pour demander un miracle. Le saint gaucho ne sera jamais reconnu.

Toujours un caroubier. L’arbre qui fertilise le sol. Le Gaucho est encore une fois plein de ressource. Il montre la voie; écoutons l’indien qui est en nous.

En l’ignorant, il y a tellement de choses à côté desquelles nous passons. Nous sommes trop souvent habitués à appliquer les mêmes recettes partout; si elles sont gagnantes ici, elles ne le sont pas forcément là. Stop. Un peu d’imagination. L’Argentine en 10 ans vient d’inonder son territoire de soja transgénique, sans penser une minute à chercher à comprendre ce qu’elle détruisait. Cette année le gaucho au chomage fait des piquets de grève sur les routes. Rien ne va plus. Halte. Ouvrons nos sens. A la veille du bicentenaire de la création de l’Argentine, changeons, écoutons l’indien, nous avons tout à y gagner.

gauchitoalta

La grange solaire : le design agricole et ses idées lumineuses

September 27th, 2009

Le pâturage naturel est le meilleur aliment pour un ruminant. Les vaches y trouvent tous les éléments pour constituer leurs défenses immunitaires et les protéines pour faire du muscle et du lait pour leur veaux. panopotreros2

Seulement, sous le Tropique du Capricorne, dans la région de Salta au Nord Ouest de l’Argentine, il ne pleut que les 3 mois d’été austral: Décembre, Janvier, Février. En trois mois, il tombe entre 1000 et 1500 mm d’eau, à peu prés ce qu’il tombe à Brest ou Bruxelles en un an. L’été, au Tropique, c’est aussi le moment où le soleil est à la verticale, au plus proche de la terre.

Dans ces conditions l’herbe pousse d’une manière spectaculaire. En générale l’herbe est le plus équilibrée en protéine et en sucre au moment de l’épiaison, lorsqu’elle fait ses fleurs. C’est à ce moment qu’on doit la récolter pour faire des réserves pour l’hivers optimum pour la nutrition.

Naïvement on pourrait croire que le maïs ou d’autres cultures, pourraient donner un plus grand rendement que l’herbe. Mais c’est faut. Non seulement le maïs n’est pas une nourriture pour la vache, il lui apporte trop de sucre qui ne fait pas de viande, mais de la graisse. Il suffit que votre vache se mette à gambader pour que cette graisse disparaisse immédiatement. Pa besoin d power plat, pas besoin de salle de gym.

En plus, un champs de maïs chez nous, cela donne 80 à 120 quintaux alors, avec l’herbe on dépasse rapidement les 200 quintaux voire sur certaines parcelles on est proche des 600 quintaux avec l’herbe naturelle. Ici on est sous les tropiques; le climat c’est ou trop ou pas assez, jamais au milieu; ce n’est pas une récolte et puis c’est tout; pendant 3 mois, toutes les 3 semaines une coupe nous fournit de 70 à 100 quintaux hectare, sans avoir besoin de labourer, rajouter de l’engrais… cela pousse tout seul. En plus c’est une assiette bien diversifiée, mélangeant plante nourricières, plantes appétentes et plantes médicinales, un repas complet.

Seulement pour conserver le foin, il doit être sec. Ici c’est impossible, il pleut tous les jours. Il faut donc trouver un truc. grange1C’est la grange solaire. Le toit qui protège de la pluie et sert de four pour produire de l’air chaud qui est diffusé au dessous du foin pour le sécher peu à peu.GRANGE2Le foin est apporté par l’autochargeuse devant la grange. Une pince distribue le foin dans la grange; puis prend le foin sec pour le déposer dans l’entonnoir qui amène le foin à la machine qui fait les rouleaux.GRANGE3Puis les rouleaux de foin sont stockés dans l’autre partie de la grange, avant d’être distribués dans des lieux de stockages où l’on en aura besoin.

Ici il y a 7 000 bêtes à nourrir l’hivers, lorsque le pâturage ne pousse plus. La surface utile de pâturage représente environ 20 000 ha. Cela en fait des kilomètres. Aucun déplacement de tracteur ou de pickup ne doit être fait à la légère. Il y a toujours des rouleaux à déplacer. 500 m3 de foin sont séchés par semaine. Une fois compressé en rouleau cela nous fait 200 rouleaux environ. En 10 semaines la grange est pleine. Il faut donc répartir le plus possible les réserve sur tout le territoire.GRANGE4Le principe de la grange solaire: l’air rentre sous le toit pour se réchauffer et être pulsé par un ventilateur sous le foin et expulsé une fois chargé d’humidité. Un calcul de thermodynamique doit être réalisé afin d’obtenir des températures constantes et ne dépassant pas les limites pour ne pas “cuire” le foin, ni le brûler. On doit toujours rester à 10°C au dessu de la température ambiante pas davantage. Il fait 35 à l’ombre, 80 au soleil. Au midi solaire ici on atteint facilement les 15kW/h/m2, ce qui est beaucoup; le flux d’air doit être donc calculé en conséquence.

Seul inconvénient : cette grange solaire a besoin de machines dont l’énergie serait trop onéreuse de produire par des panneaux photovoltaiques. Pour actionner le gros ventilateur et la pince de 1,5m de diamètre, qui coure sur son rail de 30m de long, nous sommes obligés de mettre un générateur qui fonctionne au diesel. Pour cela on lance un programme de fabrication de bio diesel à partir de micro algues qui digèrent le carbone des déchets agricoles. Il faut être autonomes, la première pompe à essence est à 2 heures de piste.

La navette spatiale Atlantis travaille pour l’agriculture

May 12th, 2009

Pendant que tout le monde s’intéresse au futur du satellite Hubble, nous avons mis la navette spatiale Atlantis de la NASA au service de l’agriculture grâce à notre génial collaborateur Alain Gachet.

Pendant ses révolutions autour de la terre, la navette spatiale Atlantis mitraille notre planète de photos et de détections radar qui plongent jusqu’à 30m sous le sol. Ces images sont récupérées par Alain qui les décrypte à sa manière. Alain, ingénieur de l’Ecole des Mines de Paris, grand explorateur de terrain et géologue trouveur de pétrole pour Elf/Total pendant 20ans, connait la morphologie de la terre mieux que tout. Avec les images de la navette spatiale, il épluche littéralement la terre comme un oignon, et met à jour toutes ses strates.

Grâce à ce travail nous trouvons de l’eau pour l’agriculteur. Exemple du traitement d’image radar au Pérou, à Lambayeque, un terrain désertique épuisé par les mauvaises pratiques agricoles de l’homme qui a accéléré la tendance du lieu à se désertifier.

sasape-imag-satelite-bajaVoici le domaine pour lequel nous sommes consultés plaqué sur l’image satellite de surface.

Perou_SASAPE Watershed3

Alain passe à l’image radar pour comprendre comment fonctionne l’eau dans cette géologie; où sont les bassins collecteurs, dans quelle direction se versent-ils; quels sont les points GPS exacts où l’on doit forer pour avoir une source d’eau de manière durable; à quelle profondeur doit-on forer.

Ici nous nous interessons uniquement aux réserves d’eau qui se renouvellent en permanence. Nous ne touchons absolument pas aux nappes phréatiques qui pourraient s’épuiser par une mauvaise gestion et créer une catastrophe naturelle à long terme.

Perou_SASAPE Water2Sur cette image nous sommes sous le sol, nous suivons les mouvements de l’eau. En surface on ne se doute de rien.

sasapesurfaceToujours plus profond nous allons à environ -30m.

Perou_SASAPE relief2

En utilisant cette technique Alain a pu trouver de l’eau pour le Darfour. Les Nations Unies par la voie du directeur général de l’Unesco viennent de le remercier d’avoir été à l’origine du sauvetage de plus de 300 000 réfugiés au Darfour. Désormais le Pentagone en a fait son allié pour de nouvelles mission pour trouver de l’eau en Irak, en Afghanistan, en Ethiopie, en Somalie…

Pour l’agriculture le travail d’Alain nous permet de prendre du recul et comprendre comment le terrain fonctionne. Il nous permet de comprendre les processus d’érosion et d’évolution du terrain en macro échelle.

Exemple en Argentine : là nous voyons l’Amérique du Sud depuis la navette spatiale

pampa-grande-argentina-location-mapLes carrés noirs sont vraisemblablement des espaces censurés par les Américains, peut être l’armée? Bon rapprochons nous du domaine :

salta-zoomed-area-landsat-3d2Toujours plus prés. Bon là on a visé un peu trop haut; on tombe sur le lac dans lequel se verse l’eau qui vient de l’estancia que nous conseillons.

coronel-mandes-synclinorium2Descendons un peu et traitons l’image de manière à pouvoir comprendre l’évolution géologique, les différentes roches en présence, l’impact et le travail de l’eau sur le terrain.Tout d’abord une image d’ensemble traitée de manière à avoir une bonne idée des grandes tendances édaphiques de la région.

pampa-grande-argentina-location-map1-2Grâce à cette image nous comprenons tout de suite l’impact climatique sur le domaine pour lequel nous sommes consulté.

L’eau vient intégralement des nuages en provenance de l’Amazonie. Nous sommes pieds et poings liés au devenir de la fôret dense. Tous les flan Est sont verts. La propriété se trouve exactement à la frontière avec le début du désert. Une position trés fragile qui nous poussera à être trés prudents et à rechercher tous les moyens pour amortir les effets du réchauffement de la planète. Au vu de cette image, ce doit être notre première priorité :rendre vert ce domaine qui ne l’est pas vu de l’espace, planter de arbres, mieux gérer les ressources d’eau.

Rapporchons nous un peu plus.

fond-landsat-7-4-2-et-transectsDécidément le terrain est bien moins vert qu’il ne pourrait être, bien moins que les espaces non touchés par l’homme. Que se passe-t-il?

fond-topo-couleur-et-transectsToute l’eau du domaine se dirige vers B’ et l’on dirait que rien ne pousse là.

Etudions les coupes de terrain que nous fournit la navette depuis l’espace :

coupe-abTout le domaine est en érosion totale. Nous sommes en présence d’alluvions qui partent toutes vers la rivière. Voyons de l’autre côté sur les autres axes choisis sur le domaine sur de grandes distance afin de mieux comprendre le phénomène :

coupe-cdCe qui sur le terrain semble plat ne l’est en fait pas du tout. La composition du sol rend la situation trés préquaire à long terme. Nous sommes en fait en phase de transformation en canyon. La situation est grave mais pas irréversible si l’on se met tout de suite au travail. Il faut protéger les endroits qui montrent des signes d’érosion avec beaucoup plus de sérieux que nous le pensions après notre étude de terrain. Il faut circonscrire les lieux en danger de tout accés du bétail. Rapprochons nous :

zoom-pampa-grande-landsat-transectscoupe-ab1Si nous ne faisons rien tout va tomber. Il faut stopper tout utilisation de produits chimiques pour desherber, interdire le glyphosate sur le domaine, car il faut renforcer par tous les moyen ce qui peut stabiliser les alluvions. Préserver la mooindre plante qui puisse retenir le sol de partir avec l’eau et la pente. Il faut planter des arbres pour empêcher l’érosion.

Sans l’expérience du terrain nous n’aurions pas cette analyse bien sûr, mais l’imagerie fournie par la navette spatiale et les connaissances et l’interprétation d’Alain Gachet, nous permettent désormais de placer nos priorités. C’est une révolution pour l’agriculture et le développement durable.

La navette spatiale nous conforte dans notre choix d’agriculture naturelle pronée par le vieux sage Masanobu Fukuoka. Utiliser tous les moyens pour comprendre la nature et tenter de s’en faire une alliée pour cultiver et nourrir les hommes.

Mission Design Agricole : Argentine – 1 / Etude des sols par satellite radar : la richesse du sous sol peut cacher un désert…

March 18th, 2009

Nord Ouest de l’Argentine, non loin de la frontière Chilienne et Bolivienne.

Les foodingues sont consultés pour une mission de design agricole sur un domaine de 40 000 hectares. planpgcontour

Il s’agit de faire un audit du lieu, étudier les sols par les plantes bio-indicatrices, améliorer la gestion de l’élevage des 7500 têtes de bétail et 500 chevaux, proposer des diversifications agricoles. L’objectif n’est pas de sur exploiter l’endroit, il s’agit dans un premier temps qu’il ne perde pas d’argent. L’endroit a été repris il y a 4 ans après avoir été longtemps laissé à lui même, un peu à la dérive.

1ere étape: vérifier les ressources hydriques et voir s’il n’y a pas de métaux où autres surprises intéressantes dans le sous sol.

Nous consultons, depuis Tarrascon,  les bases de données des satellites radar de la NASA : 3 petits cours d’eau, quelques traces de cuivre, pas grand chose; rien à signaler de vraiment intéressant de ce côté.

gd-en-argentinered

Mais Alain nous attire l’attention sur la vallée d’à côté… “tu as vu, c’est là qu’il aurait du acheter! je n’ai jamais vu autant d’eau!” Un paradis pour l’agriculture.

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Arrivé sur place c’est tout le contraire: ce qui nous paraissait une petite vallée aride, l’objet de notre étude, est en fait une vallée verte et fertile. De l’autre côté de la montagne, la vallée qui recelle des ressources d’eau extraordinaire… est un désert.

montagnesacreeseche Vous voyez la montagne au fond de la photo panoramique du haut? Et bien voila à quoi cela ressemble de l’autre côté.

Que s’est-il passé? Du point de vue de l’évolution propre de la nature, il n’y a a priori aucune raison valable. C’est un bassin collecteur d’eau formidable et l’évolution géologique y a été similaire de part et d’autre de la montagne.

Seul facteur différent c’est la présence de l’homme. Ce désert est un lieu facilement accessible, qui a été cultivé depuis bien longtemps. Les traces de grottes préhispaniques habitées sont partout.

Cet endroit a été désertifié par une mauvaise gestion des sols par l’homme :

  1. L’agriculture : La technique de culture des indiens: On brule la couverture végétale. On laboure la terre, on sème, on récolte et on recommence. Quand la terre ne donne plus, on la laisse reposer, on va plus loin et on recommence. Seulement les pluies emportent la matière organique du sol, la terre se latérise et il n’y a plus rien à faire.
  2. L’élevage : A même temps le lama et l’alpaca, qui eux choisissent leurs plantes en laissant une couverture végétale, sont remplacés par les bovins. On défriche et déboise. On augmente de plus en plus le nombre de têtes. On surpâture. La couverture végétale disparait. La terre s’érode. Elle décroche… et c’est le canyon.

Il n’y a pas un seul désert dans le monde qui n’ait pas été provoqué par l’homme. Si vous en connaissez un seul, faites moi signe.