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Posts tagged ‘agriculture naturelle’

Facebook et Twitter sont des champignons : les engrais chimiques n’ont qu’à bien se tenir

February 24th, 2010

CHAMPENCORE
Un de plus. Un protocole de plus pour remplacer les engrais chimiques, développé par l’équipe de SOS SOil sur les cultures en Argentine, en Belgique et ailleurs, vient d’être validé par une instance officielle Française.

“Les champignons, une ressource insoupçonnée” voila ce qu’annonce l‘IRD, l’Institut de Recherche pour le Développement, dans sa publication trimestrielle.

Nous ne sommes pas les seuls à avoir découvert la boite de Pandore; pour l’IRD, Robin Duponnois travaille au Mali depuis 2006, sur la poudre de termitière. Il a découvert qu’elle était un parfait engrais pour les récoltes maraîchères.

De quoi s’agit-il en réalité?

Les termites vivent en symbiose avec des champignons qu’elles cultivent. Ces champignons digèrent pour elles les résidus de plantes qu’elles rapportent à la termitière. Ils produisent du sucre, du miellat dont elles nourrissent leurs larves.

En fait ce sont les myceliums qui travaillent, le corps du champignon, car le champignon lui-même, avec son chapeau, est un peu le fruit du mycélium, qui porte ses spores. Le champignon lache des spores qui inoculent cet humus ultra riche.

Lorsque l’on répend la terre de termitière sur les cultures, on répend des spores de champignons qui vont devenir des myceliums associés à des bactéries. Ce petit monde s’organise avec les racines des plantes pour leur apporter toutes les ressources en eau et minéraux dont elles ont besoin. En échange la plante apporte au mycelium du carbone qu’ils transforme en sucre pour les bactéries, en engrais et en antibiotiques spécialisés. La boucle est bouclée.

C’est comme si on venait d’installer dans le potager un goutte à goutte automatique couplé d’un approvisionnement en oligo éléments et minéraux spécialisés à chaque type de plante. Sophistiqué non?

L’extrême intérêt du mycélium est qu’il peut grandir très vite pour aller chercher l’eau et les minéraux là où il y en a. Et si il n’arrive pas à grandir suffisamment vite, il sait “communiquer” avec son réseau social pour organiser les approvisionnements. Il utilise son Facebook et son Twitter. Bon, au niveau people, il ne s’agit là que de bactéries; mais c’est de cela dont on a besoin ici. C’est elles qui apportent l’eau en échange de carbone finement préparé.

Il n’y a rien de triste dans la “Malheur National Forest” à l’Est de l’Oregon aux USA, non, il y a simplement l’être le plus grand et le plus vieux du monde : un mycelium d’Armillaria, le champignon de miel.

Cet énergumène recouvre 1 200 hectares… non vous ne rêvez pas, la superficie de 1 665 terrains de football. On estime qu’il a environ 2 200 ans. Bien sûr on peut passer à côté sans le voir : seulement un jour, on a construit une route pour traverser la montagne… un mois plus tard la route avait disparue, digérée. Le mycelium a mangé tout le bitume qui la recouvrait, pour en faire du sucre, etc.

En fait, nombreuses sont les clairières gérées par des champignons. Ils apportent un équilibre nécessaire à la force d’une forêt naturelle. L’Armillaria est une sorte de rouille destructeur d’arbre; en réalité c’est aussi un régénérateur de forêt, de sa biodiversité et de sa vigueur. Tant que l’arbre est fort, il le soutiendra et l’aidera à pousser à fond. Puis quand l’arbre montrera des signes de dégénérescence, il sera impitoyable et l’achèvera sans pitié pour permettre aux plus vigoureux de prendre le relais.

C’est un peu hystérique; pour l’image du vieux sage de la forêt s’adresser ailleurs. Mais la nature a de la ressource. Cette rouille a deux ennemis qui vont la contrôler : des levures, mais aussi d’autres champignons, comme le champignon chou fleur, par exemple, le Sparasis crispa.

Voila pourquoi les vignerons, où les cultivateurs de patates, s’ils le veulent peuvent éviter complètement le mildiou, en réfléchissant sur les mêmes principes. En cherchant un peu, on trouve toujours quelque chose qui en équilibre une autre. Si c’est la nature qui s’en charge, c’est toujours plus efficace et durable.

En fait de très de nombreux champignons agissent comme des prébiotiques qui favorisent les bonnes bactéries, contre les mauvaises. Lesquelles sont bonnes, lesquelles sont mauvaises? Chacun son réseau; le bon ou le mauvais? Tout est relatif et circonstancié, n’est-ce pas? chacun son utilité… Alors que l’homme tue tout ce qui bouge à coup de pesticides au chlore ou au phosphore. Circulez ya rien à voir.

Pourtant ces échanges sont la base de la vie : la plante apporte le carbone avec ses feuilles qui tombent et par ses racines. Les myceliums ont tout intérêt à ce que cette plante grandisse le plus et le plus vite possible pour en bénéficier un maximum. Logique non?

Les conséquences de ce principe de base de la vie sont innombrables:
Une assurance anti bouleversement climatique notamment. S’il n’y a plus d’eau, il peut prendre le relais en en apportant l’eau de loin ou de profond; soit lui-même, soit en s’aidant de son réseau de bactéries associées, car elles aussi sont friandes de sucres. En peu de temps  Il devient une sorte de super goutte à goutte intelligent. S’il y trop d’eau, le mycelium et son réseau bactérien ira la stocker dans la nappe phréatique.

Ce réseau, bactérie-mycelium est organisé depuis plus de 600 millions d’années. Les plantes s’y sont inscrites il y a environ 400 millions d’année.  Il est tant que l’homme en “devienne fan”.

80% du vivant sur terre habite les 15 cm de sol en suface. Il faut se souvenir que le sol est un être vivant. S’il meurt, l’eau ne pénètre plus, elle ruisselle en surface, l’érosion est lancée. Ce sont les bactéries et les êtres vivants du sol, qui permettent à l’eau de pénétrer dans le sol. Les bactéries aérobiques qui vivent avec l’air sont en surface, les anaérobiques sont au fond. C’est la base de la vie du sol.

Lorsque l’on laboure, l’on tue toute la vie du sol. en brulant les unes par trop d’oxygène, en étouffant les autres en les enfouissant. En plus on détruit tous les myceliums. Simple, non?

Le plus drôle, c’est que cet institut français, l’IRD a l’impression d’avoir découvert la lune… alors que ces constatations scientifiques sont le résultat de très nombreuses recherches tout au long du XVIII, XIX et XX siècle. La liste de chercheurs est longue, je ne citerai que Braun Blanquet, encore une fois. On ne gagne pas d’argent en se basant sur des bactéries et des champignons, c’est comme l’air et l’eau on en a tant qu’on veut, cela ne rapporte rien; pas comme les engrais chimiques, pesticides, sans parler des fongicides. Personne ne va prendre un crédit pour s’équiper…

Détrompez vous, aprés avoir transformé l’eau en marchandise, voici le champignon, à quand l’air? Dans son grand élan pour aider les pays en voie de développement, l’IRD a breveté ses recherches. Breveté le vivant. Breveté l’inocula de termitière.

Monter une start-up au Sénégal pour vendre des arbres et des légumes inoculés, associés à des champignons, d’accord… mais breveter le vivant! Ils n’ont honte de rien; et tout cela au nom de l’aide des pays en voie de développement. Bon si cela peut rendre un semblant de sérieux à ces procédé naturels, pourquoi pas finalement. C’est vrai que si la technologie ne coute rien, elle n’est pas prise au sérieux. Mais quand même, breveter le vivant…

En chemin, ils ont appris que certains champignons pouvaient parasiter des insectes et devenir des biopesticides :
Le Cordyceps myrmecophilia par exemple, se développe sur les fourmis qui mangent le bois. On utilise les Cordyceps ssp. pour se débarraser des termites (aux USA, mais toujours pas en Europe). c’est absolument fascinant de voir comment une fois le spore se développer dans le corps de la fourmi, sans jamais toucher ses fonctions vitales, mais bien au contraire, en en faisant une super fourmi. C’est la que le mycelium apprend à controler le cerveau de la fourmi. Et le jour J il prend les rênes. Il fait monter la fourmi le plus haut possible et la fige raide. A ce moment un champignon pousse sur la tête de la fourmi et lâche ses spores le plus loin. Incroyable.

Ils ont appris qu’un arbres inoculé avec le bon champignon pouvait grandir 3 fois plus vite; C’est encore ce que font les USA depuis 2002 pour replanter les arbres sur la côte Ouest, surtout depuis les très graves incendies de 2006 et 2007.

Ils ont appris qu’un plan de pomme de terre peut donner jusqu’à 3 fois plus de rendement, ce que nous enseignons aux péruviens depuis 2003, un projet qui nous a valu la médaille d’or de la FAO (les Nations Unis de la Nourriture) pour la sécurité alimentaire. Une vigne pouvait devenir géante et super productive tout en respectant la qualité du vin, ce que nous enseignons en Bas Armagnac depuis 2009.

Ces techniques basiques de la vie que nous employons depuis des années, mises en place notamment en réfléchissant et analysant les techniques de culture “sauvage” avec mulch de Masanobu Fukuoka au Japon, ces Français veulent les breveter sous prétexte de les vendre aux pays du sud. Incroyable non?

Mais le vers est dans le fruit. Agriculteur du Nord même si l’on vous dit que tout cela n’est valable que pour le Sud, réveillez vous et posez vous des questions. C’est à la portée de votre intelligence, non? Etre agriculteur c’est jouer à la croisée des sciences, la botanique, l’entomologie, la mycologie, la microbiologie cellulaire… Mais avant tout, nous sommes à l’aire de l’information : faire de l’agriculture aujourd’hui c’est aussi informer et communiquer avec son sol.

SOS Sols : le riz fou…

April 7th, 2009

Pendant que la fondation française de compensation carbone (vous trouverez un calculateur de votre empreinte carbone en lien), s’occupe de donner l’exemple sur quelques centaines d’hectares dans les pays pauvres à grand renfort de communication et de partenaires prestigieux… Un drame se déroule sous nos yeux dans nos terres françaises…
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Les rizières de Camargue sont mises en eau. Cela provoque un dégagement de gaz à effet de serre équivalent à un embouteillage place de l’Étoile à Paris par hectare. En effet on estime que la culture de 1kg de riz produit 120gr de méthane, ce qui fait de la rizière inondée le second producteur mondial de méthane avec 60 million de tonnes juste derrière l’élevage qui en fait 80 million.  En Camargue, on parle ici de milliers d’hectares qui dégagent des tonnes de méthane, gaz 24 fois plus efficace que le carbone lorsque l’on parle de réchauffement de la planète.

On croirait marcher sur la tête : la Camargue est promise à une disparition certaine d’ici 30 ans par les scientifiques et pourtant on dirait qu’ils ont envi d’accélérer le processus…

Incroyable. Bio ou pas bio, ils font tous la même chose : ils labourent la terre, puis inondent la terre… Heureusement que la main d’œuvre est très chère car sinon ils seraient capables de faire comme en Asie en lançant des armées de besogneux à repiquer le riz…

Tout cela alors que le Japonais Masanobu Fukuoka dans son célèbre livre, « la révolution d’un seul brin de paille », nous apprend que cette méthode ne sert à rien. Fukuoka était un biochimiste japonais, mort en 2008, dirigeant la recherche sur les pesticides pour l’agriculture pendant l’effort de guerre japonais de la seconde guerre mondiale, qui après la guerre a lancé l’agriculture naturelle.

Il a démontré que nous pouvons maintenir des rendements de riz considérables tout simplement en choisissant de le faire en accord avec la nature : cela consiste à planter le riz dans les herbes hautes sans préparer le sol, en l’associant à une légumineuse (trèfle par exemple) ; puis de couper les herbes 10 jours plus tard en laissant la paille sur place pour faire un mulch. Enfin 10 jours avant de récolter le riz planter une céréale d’hivers, de l’orge par exemple, toujours associée à une légumineuse… pour ne jamais laisser la terre à nu et toujours l’enrichir.

Pour Fukuoka, la technique asiatique de rizière inondée, demandant beaucoup de travail et de main d’œuvre a été instauré au Japon par les Shoguns pour arrêter les jacqueries et occuper le paysan japonais à travailler…

Une question tout aussi grave : Où sont passées nos carcasses et nos farines animales que l’on avait oubliées depuis le scandale de la vache folle ?

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En Camargue encore… Ils ont une nouvelle chose cette année pour le riz : depuis la fin Mars des milliers de gros sacs blancs jonchent des centaines de milliers d’hectares au bord des rizières : de l’engrais organique… Voici ce que l’ont fait désormais des carcasses animales.

Souvenons nous: avant on donnait les farines animales aux animaux cela provoqua le scandale de l’ESB, l’Encéphalite Spongiforme Bovine, plus connue comme le scandale de la vache folle… Désormais les farines animales servent à nourrir le riz, bio ou pas… Peut-être devrions nous prendre plus de précaution? Ou bien si ces précautions ont été prises, annoncer qu’il n’y aucun danger quelqu’il soit.

C’était déjà étonnant d’avoir du riz bio cultivé avec l’eau du Rhône qui a été interdite à la pêche du fait de ses teneurs excessives en PCB pathogènes pour l’homme. Voilà maintenant que l’on nourrit le riz à la farine animale…

engraisbioLes prions, ces cellules ultra-résistantes, mises en cause lors du scandale de la vache folle, sont-elles vraiment détruites par le procédé utilisé par le fabricant ?

La mention sur le sac « ne pas faire pâturer d’animaux dans un délais de 21 jours après l’épandage » n’est pas trés rassurante… que ce passe-t-il si des animaux mangeaient ces farines animales? Que ce passe-t-il si un coup de mistral nous envoie une bonne bouffée de farine d’un sac éventré?

En tout cas ici en Camargue, les énormes sacs de farine animales sont partout, dans les champs, à côté des habitations, au milieu des mas. Et cela sent fort. Les chiens et les renards téméraires éventrent parfois les sacs, mais s’en repentent très vite, avec des maux de ventre extrêmes. Un petit fox-terrier de 4 mois a failli crever fin Mars, après avoir mangé de l’engrais.

Le pire est que cet engrais n’est pas seulement utilisé par les rizicoles ; les producteurs de légumes bio et les maraîchers du coin en utilisent presque tous, vous pensez… de l’engrais organique. (rappelons : “organic” en anglais signifie bio).

Mais revenons à nos esprits. Encore une fois on répend de l’engrais NPK sans savoir si la terre en a besoin. On cultive encore sans chercher à connaître les sols. On applique des recettes d’une manière systématique sans rechercher à comprendre les phénomènes naturels qui puissent aider l’agriculture. Peut-être un jour écoutera-t-on le vieux sage japonais qui réalisait record de récolte après record en utilisant la manière naturelle de cultiver, alors qu’ici année après année les rendements diminuent. Peut-être serait-il temps d’y réfléchir et de se remettre en cause. Sauvons notre sol pour les générations futures.

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Ah, juste encore un petit geste pour la planète : les produits ici sont répandus aussi par hélicoptère… le gros moustique de Camargue qui asperge de son nuage toxique tous les champs autour des maisons …

Je ne sais pas si il est compensé carbone cet hélico là? Qu’importe, je vous laisse apprécier ces évolutions impressionnantes, le pilote est sans doute l’un des plus chevronnés en France.

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